Fiche N° 3
Ferme fortifiée
Située sur le plateau du Vermandois dans la continuité du bassin parisien, Hargicourt, positionnée au Nord-Ouest du département de l'Aisne, à fleur avec la Somme, proche de Saint-Quentin, se dote d'un site fortifié, une ferme seigneuriale et plus tard d'un donjon. La famille Gaucourt, seigneur d'Hargicourt, issue ou au moins fortement apparentée aux comtes de Clermont-en-Beauvaisis alliée aux comtes de Bar, chapeautaient le village. Au XIIe siècle, Jean de Clermont dit «du Plessis» était seigneur du Plessis, Gaucourt et Hargicourt.
Dénomination : Site du "fort" de la Cologne, ferme fortifiée et donjon
Localisation : 02 420 Hargicourt, département de l'Aisne
Région : Hauts-de-France
Année de construction : XIIIe siècle
Le «fort» de la Cologne, un des rares retranchements médiévaux rescapés des deux guerres mondiales dans cette zone du Cambraisis et du Vermandois, était cependant menacé d'une destruction totale (aujourd'hui réalisée) par la construction de l'autoroute A26.
La fouille exhaustive du site sur une surface de près d'un hectare a pu être effectuée en 1982 et 1983.
Une ferme seigneuriale et d'un donjon occupés depuis le XIIIe s. environ jusqu'au XVe s. ont pu être retrouvées. En partie détruite par l'érosion, les terrassements médiévaux postérieurs et les impacts d'obus de la lre guerre mondiale, la première phase a néanmoins livré le plan d'une grange à halle centrale et nefs latérales, de 18 x 13 m environ construite en matériaux périssables et couverte de tuiles plates. Quelques vestiges d'un autre bâtiment ont pu être localisés près de la grange. Au cours de la seconde période, la grange fait place à une construction presque semblable mais d'orientation différente. Un bâtiment d'une longueur probable de 14 m construit en matériaux périssables a été reconnu en partie à l'Ouest de la grange. A la suite de divers aménagements, dont le creusement de deux mares, un petit grenier sur pilotis est installé près des deux bâtiments.
Il semble que la ferme soit restée sans défense au cours de ces deux périodes. Ce n'est qu'au début de la période 3 qu'est établie une fortification «trapézoïdale» de 70 m de long sur 60 m de large, constituée d'une muraille soigneusement parementée (malheureusement en grande partie récupérée au xixe s.), et d'un fossé de 2,50 m de profondeur et 10 m de large. Deux des angles étaient protégés par des tourelles rondes, et un troisième peut-être par un premier donjon rectangulaire. Une porte ouvrait sur un petit pont au Nord, à l'opposé des bâtiments de la ferme. A l'intérieur de l'enceinte, après un apport de remblais provenant du creusement des fossés, la grange est reconstruite exactement au même endroit que la précédente. Un bâtiment rectangulaire de près de 9 m sur 19 m au moins est venu s'adosser à la muraille à l'Ouest. L'ensemble encadrait une cour revêtue de craie et d'éclats de taille de pierre, une mare centrale servant de réceptacle aux eaux de pluie. Malgré l'introduction massive de la pierre sur le site, il est certain que ces bâtiments étaient édifiés principalement en bois et torchis. Un incendie marque le terme de la période 3. La période 4 est essentiellement caractérisée par l'édification ou peut-être la reconstruction d'un gros donjon carré de 14 m de côté, flanqué de trois tours rondes.
L'enceinte de la ferme qui semble s'être appuyée précédemment sur le donjon est complètement détruite et fait place à des douves de 10 à 15 m de large. A la même époque la ferme est arasée et recouverte des remblais issus des fossés du donjon. Les deux premières périodes d'occupation ont livré très peu de matériel de sorte qu'il est difficile de dater précisément la fondation de la ferme. L'expérience de thermoluminescence en cours sur les tuiles des périodes 1 et 2 apporteront peut-être des précisions. Quelques trouvailles numismatiques et céramiques montrent que la ferme fortifiée était occupée dans le courant du XIVe s. Le donjon de la période 4 a livré de nombreux objets de la première moitié du XVe s., outils en fer, éperon, cuillères en cuivres, plat en étain, monnaies, céramiques et une grosse quantité d'ossements animaux. L'abandon du site semble effectif à la fin du XVe s. ou au début du XVIe s. La fouille de «La Cologne» doit faire l'objet prochainement d'une publication dans la Revue Archéologique de Picardie. (Responsable de la fouille : Didier Bayard).
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