Fiche N° 6
La silhouette monumentale de ce château-fort enserrer sur la commune de Nemours au Sud de la région naturelle du Gatinais à l’extrême Sud-Est du département de la Seine-et-Marne, trône majestueusement sur la rive gauche du Loing au coeur de l'ancienne cité médiévale. Cet édifice du XIIe siècle est l'un des seuls châteaux de ville en Ile-de-France parvenu jusqu'à nous.
Année de construction : XIIe siècle
Anciennement : Donjon de château
Année de destruction ou démolition du donjon : encore sur pied
Le château, édifice médiéval majeur, construit par Gauthier Ier de Vilebéon (1125 - 1205), grand chambellan des rois Louis VII puis servit à l'époque de Philippe Auguste, dans la seconde moitié du XIIe siècle, comme résidence et place forte des seigneurs de Nemours. Il devient ducal au XVe siècle et par la suite le bâtiment fût remanié aux XVIIe et XVIIIe siècles. Dans l’état actuel des connaissances, le château est considéré comme le plus ancien château-fort de ville en Ile-de-France.
Le donjon quand à lui est flanqué de quatre tourelles d'angles, il est relié à une tour carrée de 30 mètres par une étroite galerie.
Le donjon
De plan rectangulaire flanqué de quatre tourelles d'angles, le donjon du château se composait au Moyen Âge de trois niveaux au lieu de quatre actuellement : le sous-sol, le rez-de-chaussée surélevé et le premier étage.
* Le premier niveau, correspondant au sous-sol, se constituait d'une salle basse à pilier central. Sans accès de plain-pied, on y accédait par le second niveau. Cet espace était sans doute affecté au stockage (cellier ou réserve).
* On pénétrait au sein du second niveau par une porte aménagée sur la façade ouest à laquelle on accédait probablement par une passerelle en bois depuis la cour. Cet étage était en partie résidentiel, comme le suggère la présence de latrines et de lavabos ou encore la baie à meneau située dans la tourelle nord-ouest.
* Le dernier niveau constituait l’étage du seigneur et le lieu de résidence de sa famille, doté de deux grandes cheminées son plafond mesurait 8 m de haut. La présence de deux cheminées, attestées par la trace des anciens conduits et de l'oratoire privé du seigneur le prouvent. Le corps central et les tourelles, surélevées de quatre mètres, étaient vraisemblablement crénelés.
Sur ce niveau, on trouve encore l’oratoire du château dans la tour sud-est du donjon : joyau architectural construit à la charnière entre l’architecture romane et gothique. La présence des latrines, attestées par des ouvertures excavées dans la tour nord-est et ensuite dans la tour de guet, témoigne une certaine aisance, ce qui suggère le statut d’extraordinaire importance du seigneur.
On y trouve d’ailleurs une chapelle seigneuriale dans l’une des quatre tours d’angles, uniquement accessible par les coursives en bois extérieures qui permettaient de relier les tourelles d’angle entre elles.
Une galerie permettait au donjon et à la tour de guet de communiquer, possède une certaine particularité. En effet, elle se termine en voie sans issue pour les deux niveaux inférieurs alors que, depuis l’étage, la galerie conduit à un escalier à vis permettant d’accéder au sommet de la tour de guet, soit deux étages plus haut. Les différentes fenêtres de la galerie nous permettent d’affirmer que cet espace était destiné à la surveillance et à la défense, outre sa fonction première de circulation.
* L’oratoire
Situé dans la tour sud-est du donjon, l’oratoire (en latin oratorium, de orare, prier) est réservé au seul usage du seigneur et de sa famille proche. La circulation dans l’espace est clairement définie. L’accès à l’oratoire se fait par la porte de droite – l’accès actuel n’existait pas au Moyen-Age.
L’oratoire du château de Nemours est un lieu où se mêle art roman et art gothique. C’est ce qui lui donne ce caractère si particulier entre effet de verticalité et d’horizontalité. La partie basse est typique de l’art roman avec des parois animées par une arcature aveugle c'est-à-dire sans ouverture et avec des colonnes aux chapiteaux décorés par des motifs essentiellement végétaux (traitement de la feuille d’acanthe). La partie haute est caractéristique de l’art gothique avec des murs percés par de hautes fenêtres, soulignées par un bandeau mouluré, qui diffusent la lumière et avec une voûte à croisée d’ogives.
En remplacement d’un hébergement plus modeste qu’il avait au chef-lieu de son domaine de Nemours, Gautier avait fait édifier, au bord du Loing, dans la décennie 1160-1170, une résidence digne de son rang de grand officier, constituée d’une grande tour barlongue ou corps de salle de deux étages sur salle basse, cantonnée de fortes tourelles cylindriques. L’une d’elles accueillait la porte et sans doute un escalier en vis. Le second étage, le plus distingué, se composait d’une grande salle haute, bordée sur trois côtés d’un hourd permanent non défensif. Au même étage, une des tourelles abritait la chapelle, caractérisée par la richesse de son architecture intérieure ; les deux autres logeaient, tant au second qu’au premier étage, d’une part une chambre privative, d’autre part des latrines. L’ensemble, achevé en 1174, comportait une superstructure crénelée, celle des quatre tourelles commandant le corps de salle central. Puis, avant 1197, Gautier fit de cet édifice le donjon ‒ ou tour maîtresse ‒ d’un véritable château, en l’incorporant au centre d’une enceinte de plan à peu près rectangulaire, avec tourelles d’angle de petit diamètre, porte fortifiée du côté sud, et fossés inondés par le Loing.
Comme au sud, une courtine refermant la cour fut lancée depuis la gorge de cette tour-beffroi jusqu’au donjon.
La salle d’audience fut installée au premier étage du donjon, dit alors « pavillon ». À cette fin, un perron monumental avec volée centrale unique et plate-forme à balustrade sur voûtes, fut adossé à la façade sur cour, distribuant deux portes-fenêtres percées de part et d’autre des deux fenêtres du XVe siècle. La porte primitive du xii e siècle, située à ce niveau dans le flanc de la tourelle d’escalier, fut remise en fonction, mais la partie inférieure de la vis du XVe siècle fut en revanche supprimée, pour couper la communication entre prison et étages.
Voûtée d’ogives, mais plus ornée et plus élancée dans ses proportions, la chapelle du donjon de Nemours est intégrée dans l’une des quatre tourelles d’angle, formule élaborée et novatrice, promise à un avenir fécond.
Le « donjon » de Nemours avait une capacité locative supérieure : il superposait deux salles, et son programme résidentiel comportait des locaux annexes dans trois des tourelles, ce que permettait le diamètre de celles-ci, dépassant 7m hors œuvre. De plus, les locaux d’appoint s’étendaient dans le hourd permanent qui enveloppait trois côtés de la salle du second étage.
Le corps central avait une hauteur de 20 m, du sol au faîte des merlons du crénelage, pour une largeur de 11,30 m et une longueur de 18,50 m, le tout rehaussé par le commandement des tourelles d’angle.
La porte d’origine du donjon est ménagée dans le flanc nord-ouest de cette tourelle, de plain-pied avec le premier étage. Présente dans certaines grandes églises romanes, la vis logée dans une tourelle hors œuvre est en revanche une formule rare, sinon inédite, dans l’architecture castrale du XII e siècle, qui ne met pas en valeur l’escalier, souvent invisible au-dehors.
Quelques dates de l'histoire du château
Vers 1150/1170 Gauthier Ier de Villebéon, grand chambellan des rois de France Louis VII (1120-1180 avec l’accès au trône en 1137) et Philippe Auguste (1165-1223 avec l’accès au trône en 1180), lance la construction du château de Nemours.
1274 Les Villebéon, ruinés par les croisades, vendent leurs droits sur la seigneurie au roi Philippe III (1245-1285 avec l’accès au trône en 1270), Nemours est alors intégrée au domaine royal.
1404 Sur décision royale, Nemours devient un duché.
1528 Le duché de Nemours devient propriété de la famille de Savoie pour près de 150 ans.
En 1673, Louis XIV donne le duché de Nemours en apanage à son frère Philippe d’Orléans. L’ancien donjon devient le lieu de réunion des juridictions du Baillage, de l’Élection et de l’Hôtel de ville. C’est l’occasion d’une grande campagne de restructuration du bâtiment : percement de la nouvelle entrée du château sur la rue Gautier I er, dans l’axe du donjon et création du perron accédant au premier étage du corps principal.
Le château devient alors un auditoire de justice.
1810 Le maire de Nemours l’achète puis le rétrocède à la ville l’année suivante dans l’idée d’y installer une école publique. On projette aussi d’y installer la mairie.
1903 Sous l’impulsion de trois artistes nemouriens – J. Sanson (1833-1910), A. Ardail (1835-1911) et E. Marché (1864-1932) – le château est transformé en musée avec un fonds « Beaux-Arts » important.
1977 Le château est classé « Monument historique ».
2002 Le Château-Musée obtient l’appellation « musée de France ».
2007 Réouverture du Château-Musée au public après des travaux de rénovation.
La ville de Nemours
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Tourisme en Seine-et-Marne
https://www.seineetmarnevivreengrand.fr/je-visite/
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