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Blason de la France Ancienne |
En 1488, la construction d'un manoir sur le domaine est présente lors de l'achat de Pierre Le Gendre. Ce dernier agrandit considérablement le manoir primitif. L'aile gauche du bâtiment construite en moellons crépis avec les angles en pierre de taille est datée de la seconde moitié du XVe siècle. L'aile composée de briques et de pierres date du tout début du XVIe siècle. Les travaux sont poursuivis par la famille de Neufville-Villeroy aux XVIe et XVIIe siècles. Vers 1565, Nicolas de Neufville de Villeroy (1542-1617) fait élever le mur d'enceinte fortifié qui clos les cents hectares de parc dont il ne reste que trois côtés. Il fait édifier une chapelle dédiée à Saint-Eutrope (1576), dont le personnage occupe la fonction de secrétaire d'état au surnom de « Seigneur d'Alincourt » sous le règne de Charles IX, Henry III, Henry IV et Louis XIII.
Les membres de la famille poursuivent l'agrandissement et la transformation de l'ensemble des bâtiments et du domaine, notamment la poterne et le colombier de pied. Un intérêt est porté sur les tourelles d'angle en encorbellement, l'appareillage des murs offrant une petite variation par rapport au corps de bâtiment et la tour d'escalier octogonal. Cette dernière est surmontée de créneaux percés d'archères, avec mâchicoulis sur consoles permettant de mettre en valeur l'entrée principale du bâtiment. La présence des donjons réalisés à cette époque du Moyen Âge et de la Renaissance est figurative et sont construits pour attester une valeur de prestige.
Lorsque Pierre Le Gendre, Trésorier de France sous Louis XII puis François Ier, acquit le domaine d'Alincourt, il dut partager son temps entre l'hôtel parisien qu'il faisait construire et le château médiéval où il effectua de grands travaux. Sa prodigieuse ascension sociale et politique allait ainsi pouvoir être matérialisée dans la pierre. Le Gendre représente bien en cela la nouvelle classe des bourgeois parvenus. N'épousa-t-il pas en secondes noces Charlotte Briçonnet, issue d'une famille appartenant au riche milieu d'affaires tourangeau ? Parallèlement à la construction du célèbre hôtel Le Gendre à Paris aujourd'hui disparu, il acquit les terres, château et seigneurie d'Alincourt, qui allaient lui permettre d'asseoir sa puissance nouvelle sur l'ancienneté de la demeure. Il se devait d'y effectuer une mise au goût du jour, mais en s'inscrivant dans la tradition. La construction allait donc composer avec l'ancien. Le château était représenté en un ensemble de bâtiments qui s'étagent sur trois plans successifs, chacun d'eux comportant une imposante porterie. Au tout premier plan, une porte isolée à bossages précède le chemin d'accès au châtelet d'entrée. Plus en retrait, au-delà d'un terre-plein gazonné, un second front fortifié barre horizontalement le dessin. A l'arrière-plan, se développe une imposante masse de bâtiments.
Le château d'Alincourt était constitué d'une porte d'enceinte extérieure cantonnée de pavillons qui était accostée à sa courtine talutée, son mur d'enceinte convergeait jusqu'à l'imposant pavillon isolé. Un pigeonnier et une chapelle étaient placés, celle-ci était constituée d'un passage couvert reliant l'enceinte du château proprement dit. Un imposant châtelet médiéval s'imposait muni d'une courtine qui l'accostait. Un long logis en arrière-plan et une haute tour d'escalier coiffée d'un comble à impériale siégeaient, elle fut, par la suite, remplacée par une terrasse.
Une seconde ligne de murs se déploie parallèlement à la précédente. Une lice les sépare. Outre une simple tour quadrangulaire située à l'extrême gauche du mur, l'enceinte intérieure est ponctuée de petites tourelles en surplomb dont l'appareil de brique et pierre a été finement représenté. Un magnifique châtelet se détache au centre. Il est désaxé par rapport à l'entrée de l'enceinte extérieure. La porte, comme la précédente, comporte deux entrées de tailles différentes : l'une est piétonnière, la seconde, en anse de panier et très moulurée, est destinée aux attelages. Le portail, encadré de deux tourelles en surplomb, est surmonté d'un étage couvert d'une haute toiture en pavillon ornée d'une lucarne et d'une riche crête. Un élément sculpté surmonte l'entrée. Derrière cette double ligne de défense, se déploient d'un côté la basse-cour, dominée par le pigeonnier et la flèche de la chapelle, de l'autre la cour d'honneur que l'on aperçoit à peine, masquée par les logis.
A l' arrière-plan, des bâtiments se développent de façon continue depuis la basse-cour jusqu'au château, le long de l'enceinte occidentale. Sur la cour d'honneur, le corps de logis desservi par un escalier à demi hors-œuvre est ponctué par une série de lucarnes richement ornées. La tourelle en surplomb est la seule partie visible du logis neuf de Pierre Le Gendre. On aperçoit la tour d'escalier de l'ancien manoir (appelée aile du Méridien) avec ses mâchicoulis et sa coiffe ponctuée sur chacune de ses faces de petites lucarnes. Au-delà se trouvent l'importante tour dite du Général et le donjon, également attribués à Pierre Le Gendre.
L'ancien manoir
L'ancien manoir (actuel logis du Méridien) et sa tourelle d'escalier, le logis neuf de Pierre Le Gendre, la tour « du Général », et enfin le donjon ont traversé les siècles, malgré quelques transformations malheureuses, en particulier la suppression des hautes lucarnes ouvragées typiques de la Première Renaissance. En revanche, toute la partie médiane entre le logis et la basse-cour a été bouleversée, puisque le châtelet et le corps de bâtiment appuyé à la courtine ouest ont disparu.
En effet, si les ajouts du XVIIe siècle semblent avoir essentiellement consisté à établir un corps de bâtiment entre le donjon et le logis, d'importantes modifications furent réalisées au siècle suivant. Depuis le doublement des dispositifs de défense établis lors des guerres de religion, les accès au château ainsi que la circulation à travers les espaces extérieurs étaient complexes. Le visiteur devait traverser une succession de portes séparées par des espaces en chicane, avant d'atteindre la cour d'honneur. L'emploi du carrosse y était malaisé, et nous dit Régnier, c'est « du temps de M. de Sénozan », Conseiller puis Président au Parlement de Paris, entre 1733 et 1764, que des travaux furent entrepris pour créer un accès plus commode et des circulations intérieures simplifiées. Le pont-levis et l'entrée extérieure à bossage furent donc supprimés, remplacés par une jetée lancée par-dessus le vallon. Celle-ci permettait d'accéder directement à la cour d'honneur après avoir franchi un nouveau portail. L'ancien châtelet fut également détruit au profit d'une avant-cour plus vaste aménagée en terrasse. C'est à cette époque sans doute que fut remanié le bâtiment qui sépare cour d'honneur et basse-cour.