Enfilée dans la vallée du Cher, là tout proche des bords de Loire dominant le village sur le plateau de Pontlevoy entre Amboise et Blois au centre du département, Chaumont-sur-Loire se fond dans un paysage aux abords bigarrés bordée de coteaux, de vignes, d'espaces boisés et d'un aspect de gâtine au-delà.. La commune possède un magnifique château aux allures renaissance-médiéval que le temps a forgé, scindé en une merveille actuelle...
Dénomination : Château
Localisation : Chaumont-sur-Loire, 41 150,
Département du Loir-et-Cher.
Région : Centre-Val-de-Loire
Au Xe siècle, Eudes 1er, comte de Blois, implante une forteresse pour protéger Blois des attaques de Foulques Nerra, comte d’Anjou. Le chevalier normand Gelduin reçoit Chaumont et fait consolider la forteresse. Son fils et successeur Geoffroy, sans enfant, choisit pour héritière sa petite nièce, Denise de Fougères qui épouse en 1054 Sulpice 1er d’Amboise. Le château passe ainsi dans la famille d’Amboise pour cinq siècles.
Quelques temps plus tard, Louis XI fait brûler et raser Chaumont en 1465 pour punir Pierre d’Amboise de s’être révolté contre le pouvoir royal lors de la « ligue du bien public ». Peu après, ses terres lui sont restituées, rentrée en grâce, la famille d'Amboise est autorisée à reconstruire le château. C'est son fils Charles Ier d'Amboise qui l'entreprend de 1469 à 1481 en édifiant notamment l'aile nord, faisant face à la Loire, aujourd'hui disparue et l'aile ouest, encore existante. Le petit-fils, Charles II, reconstruit lui aussi le château de 1468 à 1510.
La reine Catherine de Médicis achète Chaumont en 1550 et cède le château à Diane de Poitiers à la mort d’Henri II. A la fin du XVIe siècle, le château devient la propriété d’Henri de la Tour d’Auvergne puis sous Henri IV, le domaine échoit à Paul de Beauvilliers, duc de Saint-Aignan.
Le château
La porte d'entrée précédée d'un double pont-levis est enserrée par deux grosses tours rondes, massives, dotées de mâchicoulis et de chemins de ronde. Contrairement à l'usage, le donjon central est abandonné au profit de la tour ouest, dite tour d'Amboise, destinée à planter l'étendard du seigneur des lieux. Des traces dans le mur intérieur de l'aile ouest indique qu'une galerie de charpente desservait les pièces de l'étage depuis la cage d'escalier.
Le châtelet d'entrée et l'aile orientale offrent un aspect beaucoup plus homogène que l'aile sud, jusque dans leur couronnement. Le chemin de ronde a cependant connu diverses tribulations avant de trouver son état définitif. D'après les ornements qui figurent au droit des mâchicoulis (les D entrelacés, les cors, carquois et flèches sur le châtelet d'entrée, le delta accompagné de trois anneaux sur la tour nord-est), la création en ajustement été attribuée à Diane de Poitiers, qui se serait ainsi adonnée à une charmante « fantaisie archéologique ». La réalité fut néanmoins plus complexe, l'examen permet d'en juger par étape et de rendre à chacun ce qui lui appartient.
En dépit d'une opinion autorisée, il faut ainsi rapporter à Charles II d'Amboise le couronnement du corps de logis. A la suite du démantèlement du chemin de ronde, survenu à une époque indéterminée, on avait protégé l'épaisseur de mur dégagée par cette suppression au moyen d'un appentis. Aussi pouvions-nous craindre que tout témoin de l'état antérieur ait disparu et que la restitution effectuée à la fin du XIXe siècle par l'architecte Sanson ne procède que de sa fantaisie. Au contraire du corps de logis, la tour nord-est et le châtelet d'entrée possèdent un chemin de ronde couvert, dont chaque fois le haut parapet percé d'archères et de jours en plein cintre est porté par des consoles en pyramide renversée. Derrière cette apparente unité, les écarts sont nombreux d'un lieu à l'autre. Sur la tour nord-est, les consoles saillent légèrement par rapport au nu du parapet; leur mouluration est un peu molle; quatre d'entre elles montrent des gargouilles réduites à l'état de moignons et une cinquième une gargouille demeurée intacte, dont la facture et le faciès démoniaque évoquent les productions « expressionnistes » avant la lettre de l'art flamboyant. Il découle de ces observations qu'afin de créer un chemin couvert, Diane substitua au garde-corps à hauteur d'appui ou aux merlons primitifs un haut parapet décoré de ses emblèmes, et que ce parapet porte sur les consoles pyramidantes issues de l'œuvre de Charles II d'Amboise, conservées ainsi que l'attestent leurs gargouilles résiduelles.
Avec son plan polygonal et ses fenêtres à mouluration gothique, l'élévation désormais interne de l'étage en retrait provient elle aussi des premiers travaux. L'unité du projet de Chaumont est une caractéristique rare dans les années 1500 où nombre de châteaux « s'inventent à mesure ». Tout s'y tient et s'enchaîne dans une logique et une cohérence qui ont rétrospectivement guidé l'analyse. Certes, certaines dispositions déduites à partir de simples traces ou de situations particulières pourraient n'avoir connu, faute de temps, qu'un début d'exécution. Parfois moins encore : il en va ainsi des lucarnes à deux niveaux du corps de logis, qui semblent concerner un bâtiment idéal plutôt que la réalité passée, et dont la vraisemblance seule autorise la prudente évocation. Mais nous pouvons faire bon marché de ces éléments secondaires face aux grands traits de la conception d'ensemble et à ses formes principales. Peut-être celles-ci déroutèrent- elles d'ailleurs les constructeurs, comme tendraient à l'indiquer les insuffisances relevées çà et là dans la construction ou diverses imperfections de détail.
La fortune de certains de ses traits dans la sphère des Amboise et au-delà appelle une étude à part. Observons cependant l'ironie de l'histoire : pour restituer la coursière sur cour de l'étage supérieur, l'architecte Sanson prit entre autres modèles certains éléments des « corniches » ou coursières hautes du château de Blois, lesquelles s'inscrivent dans le sillage des réalisations de Chaumont. Implanté entre deux lieux de séjour des souverains et employant un personnel ordinairement attaché aux résidences royales, le chantier n'avait pu passer inaperçu. Indépendamment de l'audace de la grande coursière, qui devait laisser perplexe et dissuader les imitations, différents transferts de « micro-structures » en d'autres sites témoignent encore du rayonnement qu'en dépit de son inachèvement cet édifice n'a pas manqué de connaître.
Il fait l’objet de classements au titre des monuments historiques par la liste de 1840, ainsi qu'en 1937 et 1955.
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