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lundi 23 septembre 2024

Fiche historique, les châteaux-forts. Gaillon

 








Reconstitution vers 1510





Fiche N°VII











۩   Le Château-fort de Gaillon, à Gaillon

A deux pas d'Evreux plus précisément à son Nord-Est, la commune de Gaillon placée en vallée de Seine au centre Est du département de l'Eure, siège au coeur de la région Normandie proche d'anciennes places fortes qui entrèrent dans l'histoire.. 
La première mention de l’existence d’un château à Gaillon apparaît dans une charte de Richard II (X-XIe siècle de régne), duc de Normandie, dit Richard l’Irascible ou le bon.  
   








Dénomination : Château-Fort 

Localisation :   27 600, Gaillon,
 
département de l'Eure

Région : Normandie




♠  Dominant la vallée de la Seine sur une position stratégique pendant le conflit qui oppose la France au Duché de Normandie, les bases du château à partir de 1200 furent construites. Au XIIe siècle, le château de Gaillon constituait une forteresse frontière entre la France de Philippe Auguste et la Normandie, alors aux mains de Richard Cœur de Lion, roi d’Angleterre. Tous deux étaient engagés dans un conflit pour la Normandie depuis 1194, dont les traités de Gaillon et de Louviers en 1196 marquèrent des trêves et partagèrent les possessions des belligérants. Ainsi le château-fort de Gaillon fut, tour à tour, dévolu à l’un puis à l’autre. C’est dans ce contexte que Richard fit construire château Gaillard, visible depuis Gaillon aujourd’hui. Avec la fin du conflit en 1204, le château de Gaillon fut définitivement annexé à Philippe Auguste. Le château était une possession royale jusqu’en 1262. 


Gaillon à l'origine, cette véritable forteresse, se composait à l'instar de tous les châteaux normands, d'une enceinte de hautes murailles garnies de tours et défendues par des fossés. Au centre se dressait une maîtresse tour, le donjon.
Cette donnée se trouve confirmée par le sceau du célèbre Cadoc, qui ne crut rien pouvoir mieux faire que d'y représenter la forteresse dont Philippe-Auguste l'avait nommé châtelain. 
Il était de toutes parts entouré de fossés, un pont-levis défendu par deux tours basses plongeant sur le fossé, donnait accès au corps du château. Un pavillon carré, flanqué de tourelles à ses angles et sur lequel s'appuyait, à droite et à gauche, un corps de bâtiment, conduisait à une première cour. Cette cour, de forme irrégulière assez étroite se prolongeait vers à une grande cour.


La trêve conclue en 1195 entre Philippe-Auguste et Richard Coeur-de-Lion étant expirée, les deux rois étaient près d'en venir aux mains, lorsqu'ils convinrent d'un commun accord pour se réunir, entre le Vaudreuil et le château de Gaillon, inter Vallem Ruolii et castrum Gaallonii, pour traiter définitivement de la paix. L'entrevue eut lieu au mois de janvier suivant et la paix fut signée. Dans le traité qui intervint, il fut stipulé que Richard Coeur-de-Lion céderait à perpétuité au roi de France Gaillon, la limite des deux états, de ce côté, serait fixée entre la forteresse de Gaillon et celle du Vaudreuil, inter fortelitiam Gaillonis et fortelitiam Vallis Rodolii.

Richard Coeur-de-Lion, en cédant Gaillon à Philippe-Auguste, ne faisait que consacrer un fait accompli: le roi de France avait mis la main dès l'année précédente sur cette forteresse. Philippe-Auguste profitant de la captivité de son rival, s'était jeté sur la Normandie (1194). Après être entré dans Évreux, il s'était rapproché de la Seine pour marcher sur Rouen; en passant, il s'était emparé de quelques châteaux forts; Gaillon était du nombre.

Philippe-Auguste confia la garde du château de Gaillon au chef des routiers Caldulc, autrement dit Cadoc, qui était à sa solde; il l'en nomma châtelain et lui confirma peu après le don de cette forteresse par la charte suivante :

Philippe, par la grâce de Dieu, etc., sachent tous, tant présents qu'à venir, que nous, à raison du fidèle service que Cadulc, châtelain de Gaillon, nostre cher et fidèle, nous a fait, donnons à perpétuité, à lui et à ses héritiers de son épouse légitime, le château de Gaillon avec toutes ses appartenances et ses domaines, et Thoeni, tant en fief qu'en domaine, ainsi qu'il l'a tenu jusqu'à présent, et la terre de Jean-de-l'Isle, du bailliage du Vaudreuil, et Sainte-Anastasie, du bailliage.

Rigord, Recueil des Historiens de France, t. XVII, p. 43-44.

La trêve passée entre Richard et Philippe-Auguste, mentionnée plus haut, ne devait pas être de longue durée. Une année ne s'était pas encore écoulée, que la guerre éclatait de nouveau. Richard courut mettre le siége devant le château de Gaillon. Son cheval fut tué sous lui et lui-même reçut une blessure au genou. Le poète de Philippe-Auguste, Guillaume le Breton, le seul qui nous ait transmis cet événement, le raconte ainsi :



Au xv siècle, les Anglais, descendus en Normandie s'emparèrent de cette province et la dominèrent. Le château de Gaillon, qui avait reçu sans doute une garnison royale, en vertu de la charte de saint Louis, n'avait ouvert ses portes aux Anglais. Le duc de Bedford se vit obligé de l'assiéger; il s'en empara après une assez faible résistance.

Ne voulant pas dégarnir son armée en y plaçant une garnison et craignant de laisser debout une forteresse que son assiette pouvait rendre formidable, le duc de Bedford prit le parti de la raser de fond en comble. L'archevêque de Rouen, Jean de la Roche-Taillée, qui avait l'œil sur son château de Gaillon, formula de vives réclamations en faveur de son patrimoine archiépiscopal. Tout ce qu'il put obtenir, fut que l'habitation personnelle des archevêques serait respectée; tout le reste devait être jeté par terre. Le duc de Bedford fit en conséquence, délivrer au nom du jeune Henri V (roi d'Angleterre au XVe siècle), son pupille, les lettres suivantes que nous avons retrouvées dans nos archives: 
* "Henry, par la grace de Dieu, roy de France et d'Angletterre, aux bailli de Rouen, de Caux, de Vernon, d'Evreux et de Mante, venus de par nous à la demolicion des ville et chastel de Gaillon et de chascun d'eulx, ou à leurs lieuxtenents et depputez en ceste partie, salut. Combien que nagaires pour certaines causes à ce nous mouvans, et par l'advis et deliberation de nostre tres chers et tres ame oncle Jehan, regent nostre royaume de France, duc de Bedford, vous ayons mandé faire desmolir et abattre les murs, tours, portes, ponts et toute fortiffication et emparement desdictes ville et chastel, toutesvoies c'est nostre intencion que les sales, chambres et habitacion, comme d'icellui chastel, avec les huys, fenestres et ferremens demeurent en estat sans desmolir ne tolir, pour la demeure et habitacion de nostre amé et feal conseiller l'archevesque de Rouen, auquel icelle place a cause de son esglise appartient pourveu que la grosse tour et les aultres tours, murailles, pons, porte, tournelles et guerites soient abatues et ruées jus et les fossez comblez jusqu'à plaine terre, et que seullement l'habitation demeure en forme et maniere de maison plate sans deffense, en telle maniere que ennemis ne autres, pour nuyre au pays, n'y puisse avoir refuge ou retrait, car ainsi nous plaist il et voulons estre fait. Donné à Vernon, le xvi jour de juillet l'an de grace mil cccc vingt et quatre, et de nostre regne le second. Ainsi signé par le roy, à la relation de monsieur le regent, duc de Bedford. J. DE RINEL. "

vu la dessus à l'introduction  https://www.google.fr/books/edition/

Les Anglais, au XVe siècle, détruisirent la tour maîtresse et rasèrent les remparts. Le cardinal d'Estouteville, plusieurs années après, en relevant le château de Gaillon de ses ruines, sans prétendre lui restituer son caractère spécial de forteresse, conserva néanmoins l'ancien tracé, et répara les murailles d'enceinte. Des fossés, des tours, des pont-levis se voyaient encore à cette époque, l'accompagnement obligé des châteaux : le système féodal n'avait point abdiqué.

Le cardinal d'Amboise, esprit novateur et amant passionné des arts, n'osa pas lui-même s'affranchir de ces nécessités. Au lieu de porter hardiment ses constructions hors de l'enceinte féodale, sur un terrain plus libre, où il eût pu leur donner tout le développement nécessaire et livrer carrière au génie des artistes inspirés par lui, il se renferma dans le périmètre du vieux château. Le château, sur la langue de terre où il est assis lui donne la forme triangulaire.

Louis IX, dit Saint Louis, céda le château à Eudes Rigaud, archevêque de Rouen alors en place, en échange d’un vivier et de moulins ainsi que d’une somme d’argent. Il releva les ruines du château délabré dont il héritait. Gaillon serait, dès lors, la résidence campagnarde des archevêques, jusqu’en 1789.






Les places fortes entourant l'Ile-de-France

Châteaux, château-fort, donjons



















lundi 9 septembre 2024

Fiche historique, les châteaux-forts. Vimpelles

 












Fiche N°XXXI









۩   Le Château-fort d'Heurtebise, à Vimpelles

Entre Fontainebleau et Provins (à son Sud-Ouest), dans le Montois, en limite de la Bassée et situé dans le Sud-Est du département de la Seine et Marne à vingt, vingt-cinq kilomètres de sa limite  avec le département de l'Essonne, Vimpelles, ce petit village pittoresque est enserrer de sol agricole. 
Au moyen-âge il fut muni de plusieurs château-fort, celui d'Heurtebise accompagna la construction du bourg. 
   








Dénomination : Château-Fort 

Localisation :   77 520, Vimpelles,
 
département de la Seine-et-Marne

Région : Ile-de-France




♠  La première église de Vimpelles était construite auprès du Fort d’Heurtebise situé sur la grande voie romaine de Chantemerle (en gros l’actuelle route de Montereau aux Ormes). Le village existait lui aussi à l’abri de ce fort, l’un des importants du Montois. Pour retrouver l’endroit précis, il suffit de suivre la rue d’Heurtebise (justement) et la petite route qui rejoint celle de Montereau. Avant le « stop », la butte à droite du chemin s’appelle « La Pente d’Heurtebise » (justement). C’était là.


Le fief d'Heurtebise, de fondation ancienne et composé autrefois d’un château-fort, d’une église, et d’une ferme seigneuriale avaient été la propriété du couvent bénédictin de Saint-Sauveur-les-Bray. En 1791, un certain Escalard de la Bellangerie, acheta le domaine 63.000 livres et le laissa à sa fille Madeleine. Neuf ans plus tard, le 20 août 1800, il devint la propriété de Louise-Henriette Genest, veuve Berthollet de Campan, qui à son tour, le vendit en 1817. Le nouvel acquéreur fit raser le château et les bâtiments de la ferme en 1818(4).
Les francs venaient d’ouvrir une voie de communication, à l’instar des romains, entre Montereau et Provins (voie de Chantemerle), au dessus des marais de la rive droite du fleuve ; pour la défendre, ils firent la construction à Chatenay et à Heurtebise, près de Vimpelles, de fortifications très importantes, les traces de celles d’Heurtebise subsistèrent jusqu’en 1816.
C’est alors que les chefs guerriers francs firent construire des châteaux-forts sur l’Auxence en utilisant les eaux de cette petite rivière à emplir les fossés qu’ils firent ouvrir sur leur périmètre. Ces châteaux sont ceux de : sur Vimpelles, les forts de Closeaux-de-Verseni, appelé plus tard les Closeaux-Volangis et celui de la Tournelle à Vimpelles.

Le fort de la Tournelle à Vimpelles était situé au confluent de l’Auxence dans la rivière de Seine qui, alors passait au sud de Vimpelles. Ce fort fut abandonné au seigneur abbé qui plus tard en forma un fief dit du Grand Hôtel. Le village existait à l’abri du fort d’Heurtebise; les terrains abandonnés furent dans la suite concédés par les seigneurs de Dom-Marie, aux manants des villages de Vimpelles et de Luisetaines; Le fort d’Heurtebise, placé sur la grande voie de Chantemerle, a facilité la construction du village de Vimpelles, au pied de ses murs ; c’était un point fortifié des plus importants du Montois. Il resta en possession du seigneur abbé avec ses dépendances jusqu’en 1112 et fut érigé en couvent de l’Ordre des Bénédictins ; ceux-ci fondèrent une église, qui subsista jusqu’en 1520, époque de la démolition du village et de sa reconstruction sur le bord de la Seine. Les habitants de plusieurs villages conçurent le projet de se soustraire à la protection des châteaux-forts en entourant ces villages de fossés et en employant les terres à construire des remparts ; quelques constructions avaient déjà été faites sur l’emplacement actuel de celui de Vimpelles, à l’abri du fort de la Tournelle et du château du Grand Hôtel.



Les places fortes entourant l'Ile-de-France

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