Placé au centre du Bassin parisien sur une boucle de la Seine entre les confluents de la Marne et l'Oise, au cœur d'un vaste bassin sédimentaire aux sols fertiles et au climat tempéré, Paris, entouré de sa banlieue façonnée au fil du temps, fut des les premiers temps une ville choisit par les rois qui s'impose au cours des siècles.
Lorsque Paris encore resserré dans l' île de la Cité était entouré de toutes parts de murailles flanquées sur toute sa longueur par de grosses tours dont les fouilles du XIXe siècle avaient encore fait trouver quelques débris, on communiquait avec la plaine par deux ponts en bois dont l' un nommé le Grand Pont (qui a reçu de puis le nom de Pont au Change) et dont l' autre appelé le Petit Pont (qui n'a pas changé de nom).
Pour protéger ces passages on construisit deux forteresses espèces de châteaux-forts que leur petite dimension fit appeler des Châtelets.
Il y avait le Grand et le Petit Pont et il y eut aussi le Grand et le Petit Châtelet. Ce n'était d'abord que des œuvres en bois car on lit dans les chroniqueurs du temps que lors du fameux siège de Paris par les Normands, la tour du Châtelet fut embrasée. Ces deux forteresses abattues, la population renfermée dans l' île aurait été réduite à s' y maintenir jusqu' à ce que la famine la forçat à mourir ou à se rendre. Ce danger était si bien compris qu'on se battit avec un acharnement dont il n'y a que trop d' exemples. Les fossés furent presque comblés par les cadavres amoncelés et la Seine fut rouge de sang.
En 1198 Philippe Auguste entoura Paris d'une ceinture de pierre et réédifia le Petit Châtelet qui avait considérablement souffert lors des sièges que la capitale avait eu à soutenir et qui se relia aux épaisses murailles du Pré des Garlandes. Les bâtiments du Petit Châtelet consistaient en trois tours carrées de médiocre hauteur unies entre elles par des espèces de galeries fortement enfoncées dans le sol. Trente trois fenêtres bardées de fer fournissaient le jour du côté de la rivière aux divers étages du fort et dans les fondations se trouvaient creusées soixante casemates ou cachots. Sur la plate forme de la tour occidentale on remarquait encore à la fin du XVIIIe siècle la pierre ronde et creusée en forme de cône qui servait à planter l' aigle de la légion. Depuis Philippe Auguste jusqu' à Saint-Louis, cette forteresse fut tour à tour hantée par les gens de guerre et par les gens de justice. C' est à dire qu'elle tint lieu successivement et selon la circonstance de point de réunion pour les levées du ban lorsque le roi allait à l' armée et de succursale au Grand Châtelet lorsque le nombre des prisonniers était trop considérable pour pouvoir être contenu dans la geôle de cette forteresse.
Sous le règne de Philippe le Bel la suppression de l'ordre des Templiers et la confiscation des biens immenses de ces moines militaires ayant ajouté au domaine de l' État le palais du Temple et plusieurs autres lieux de détention, on ne crut pas devoir se servir des bâtiments du Petit Châtelet et cet édifice fut à peu près complètement abandonné. Plus de quatre-vingt ans après, Charles VI ordonna que les prisons de cette forteresse serviraient de nouveau comme supplémentaires à celles du Grand Châtelet. On fit examiner par des maçons les bâtiments de cet édifice et on trouva qu' ils étaient sûrs et suffisamment aérés à l' exception de trois cachots ou chartres basses où les prisonniers faute d' air ne pouvaient vivre longtemps.