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samedi 25 mars 2017

La châtellenie de Vic-sur-Aisne















Au Sud-Ouest du département de l'Aisne, frontalier avec l'Oise, Vic, traversé en son sud par le fleuve Aisne, est installée entre Compiègne et Soissons pratiquement au milieu. Cette petite ville de 2000 habitants possède encore son château médiéval, il était, au moyen-âge, avant tout un point d’appui militaire et un lieu de refuge, puis il devint un hôpital durant la première guerre mondial. Il s'impose encore dans la ville, jouant de ses mesures et de son passé.

La châtellenie, ou mandement (mandamentum) dans le Sud-Est de la France, territoire tenu exploité et protégé par le château, est au Moyen Âge l’unité la plus petite du découpage administratif. Cette circonscription regroupe à la fois des fonctions administratives, militaires et financières. Elle désigne le territoire sur lequel le maître du château exerce ses droits banals. En son centre se trouve le château qui est le chef-lieu de châtellenie, administré par un châtelain (« castellanus »).

En 889, face à l'avancée des Vikings, qui remontent l'Oise jusque Choisy et Noyon, Eudes, Comte de Paris, auquel revient de protéger Saint-Médard et ses dépendances, entreprend la construction d'un premier château sur le promontoire de Vic. Les fortifications et sa garnison tiendront leur rôle. Jamais les Normands ne remonteront l'Aisne. Au cours des Xe et XIe siècles, le château est la scène des luttes opposant les Seigneurs de Coucy, les moines de Saint-Médard, et les Rois de France, passant plusieurs fois de l'un à l'autre. Les moines finissent par placer le domaine de Vic sous la protection des Seigneurs de Pierrefonds, qui y entretiennent une garnison permanente jusqu'à la fin du xiiie siècle. Le bourg devient à cette époque siège d'une Châtellenie, dépendante de Pierrefonds, puis Vicomté, vassal des Comtes de Soissons.
Le château, qui était avant tout un point d’appui militaire et un lieu de refuge pour la population des environs, est rapidement devenu le centre administratif de la circonscription territoriale qui s’est organisée autour de lui. Grâce au terrier du XVe siècle, nous connaissons l’étendue de la Châtellenie de Vic, qui comprenait dans son ressort les hameaux ou village suivants : St Christophe, en partie, avec Sacy et Bonval; Hautebraye; Berny-Rivière avec Ors et un hameau nommé Vauxengis sous Confrécourt qui n’existe plus et semble distinct du hameau de Vaux ; Moulin sous Touvent avec la cense de Puisieux ; la petite châtellenie de Bitry : la Postée de Cuisy ; Vaurezis en partie avec Tancourt et Villers la Fosse; Tartiers avec Milly: Fontenoy avec Port et Fouquerolle ; Osly et Courtil ; Nouvron et Vingré en partie ; Morsain en partie, avec Vaux, Ouilly et Berlinval ; Vézaponin en partie. Dans tous ces lieux, les religieux avaient la haute, moyenne et basse Justice. Ils provenaient pour la plupart des domaines donnés par les rois mérovingiens et carolingiens à l’abbaye de St Médard et qui furent confirmés par le roi Eudes en 893.

Au moyen-âge, une châtellenie n’était pas simplement la juxtaposition de seigneuries, sans autre lien qu’un seigneur commun. Elle comprenait trois services publics organisés que nous retrouvons à Vic : Armée, Justice et Finance. Organisation militaire L‘abbaye de St Médard, étant sous la sauvegarde du roi, lui devait, en échange, fournir deux cents sergents d’arme lorsqu’il partait en guerre. A ce titre, Vic-sur-Aisne devait 18 sergents ou 20 livres tournois, Bonval 3 sergents ou 6 livres tournois, St Christophe 2 sergents ou 8 livres tournois, Sacy 9 sergents ou 8 livres tournois, Hautebraye 9 sergents ou 18 livres tournois. Quant à la postée de Cuisy en Almont, elle devait 30 sergents.
Les hommes de fiefs de la châtellenie, outre leurs devoirs de vassaux, devaient la garde des corps saints. Le terrier ne précise pas s’il (17) Terrier de la Chtltellerie de Vic-sur-Aisne, rédigé en 1447 - Bibliothèque de Compiègne manuscrit no56. s’agissait seulement des reliques de Sainte Léocade conservées à Vic, ou aussi celles conservées à Soissons.

Organisation judiciaire
Le droit de Haute Justice, exercé par l’abbé de Saint-Médard sur les terres de la Châtellenie, entraînait son seulement la juridiction proprement dite, mais aussi le droit de faire des règlements, établissements ou bans. Son tribunal était donc chargé de juger, mais aussi de faire respecter les prescriptions, d’où un rôle de police à l’intérieur du domaine. Notamment contrôle des poids et mesures car la Châtellenie utilise les mesures de St Médard, et, police des chemins, car les religieux ont droit de vicomté dans l’ensemble de la châtellenie. La marque extérieure de la Haute Justice était évidemment le gibet, ou fourche patibulaire, situé sur le plateau au-dessus de Berny- Rivière, en un lieu qui porte encore le nom de ((gibet)). Cette fourche patibulaire, précisait le tenier de 1447, devait être à trois piliers. Cette Haute Justice, qui relevait pour appel du Bailli de Senlis, était exercée par le Bailli de la Châtellenie, assisté des N hommes de fiefs au nombre de six. Elle concernait les crimes et délits punis d‘une peine capitale : mort, autres peines corporelles, bannissement, amende de plus de 60 nérets, mais aussi les procès importants susceptibles de duels judiciaires.
Le duel judiciaire, ou bataille, était devenu, aux XIe et XIIe siècles un mode de preuve normal. Dès le XIe siècle la pratique s’étendit de remplacer les parties par des champions à gages qui offraient aux foules d‘étonnants spectacles.

A Vic, la pratique de la bataille nous est révélée par le terrier de 1447 qui précise, à propos du fief des Essarts : (( quand il y a champ de bataille au Chastel de Vy le dit fief a le tiers en lescu et au baston et toutes les armes au champion qui chiest dessoulz D. Le rédacteur du terrier s’est contenté de transcrire mot à mot, sans la comprendre, cette phrase provenant d’un ancien document. Elle nous apprend que la bataille avait lieu dans l’enceinte du châ- teau et que le vaincu perdait, au bénéfice du seigneur toutes ses armes. Le tiers de la valeur du bouclier et du bâton, qui devaient alors être vendus, était cédé au seigneur du fief des Essarts qui avait aussi droit à ((toutes les armes D, ce qui semble désigner les armes des nobles. La moyenne et basse justice étaient de la compétence du Prévost de Vic pour les délits passibles d’une amende de 60 nérets maxi- mum. Sa compétence ne s’étendait pas à l’ensemble de la châtellenie, car dans plusieurs lieux il y avait un maire. Le Prévost était nommé par le bailli ou l’abbé de St Médard. Il rendait la justice entouré de trois eschevins nommés par lui ; il était assisté d’un clerc juré et de quatre sergents désignés par le bailli ou l’abbé. Le tribunal se réunissait deux fois par semaine, le lundi et le jeudi. La cloche de la chapelle St Léocade avertissait les justiciables de l’heure de l’audience. A la fin du XVIIe siècle, le tribunal était présidé par un lieutenant de la Justice. Il n’y avait plus qu’une audience, le mercredi, qu’il fallut décaler au lundi, car les habitants se rendaient au marché de Soissons, au lieu d’aller au tribunal. La justice de Vic fut réunie à celle de l’abbaye en la.ville de Sois- sons, par lettre patente d’octobre 1746.


Organisation financière
Les ressources de la châtellenie constituaient évidemment une part importante des revenus de St Médard, mais ces ressources étaient aussi nécessaires pour organiser les services de la châtellenie et pourvoir à l’entretien des chemins, des ponts, des ouvrages publics, etc ... Dans chaque seigneurie de la chatellenie, l’abbaye de St Médard possédait de nombreux revenus provenant de terres concédées ou d’impôts ; elle avait aussi les profits de justice, amendes et surtout profit de la bataille. Comme nous l’avons dit précédemment, les religieux confisquaient les armes du vaincu du duel judiciaire. Il payait aussi une amende pouvant aller jusqu’à la confiscation des biens. Les impôts indirects existaient aussi ; ils étaient représentés principalement par les droits d’avallage, de péage, de rouage et de forage et les taxes sur le marché de Vic.
Droit d’avallage et de pkage Un droit d’avallage sur la rivière était perçu au port de Vic-sur- Aisne. La rivière pouvait être traversée sur les bacs de Fontenoy et de Vic. Voici, en 1447, le montant des droits de péage qui étaient perçus à Vic - pour 6 personnes 1 denier, - pour chacune beste chevaline 2 deniers, - pour un chariot 6 deniers. - pour une charrette 8 deniers. Toutefois, les habitants d’Attichy, Bitry, St Christophe à Berry, Sacy, Hautebraye, Rivière, Ressons, Montigny Lengrain, Courtieux, Jaulzy, étaient dispensés de ce droit s’ils ne possédaient pas de char- rue, moyennant un pain de fourrage par an.
Droit de rouage Chaque chariot chargé de vin quittant la châtellenie devait payer 8 deniers parisis de rouage, de même la charrette payait 4 deniers, sous peine de 60 nérets d’amende. Droit de forage Autre impôt concernant le vin, pour chaque pièce vendue au détail à l’intérieur de la châtellenie, on devait un setier. Marché de Vic Le marché de Vic doit sans doute son origine à l’installation des reliques de Ste Léocade dans le château. Mais ce n’est qu’en 1447 que nous trouvons la première mention le concernant. L‘abbé de St Médard y percevait des taxes ~d’estallage~, de mesurage des grains, et de (( Tonny P, taxe sur les ventes en gros et au détail de drap. Le caractère banal de ce marché fut rappelé par le roi Henri II, en 1581, qui, après l’avoir confirmé, fit injonction aux habitants de la châtellenie de le fréquenter. Mouvance du château Le terrier de 1447 nous donne la liste des fiefs relevant directe- ment du château de Vic-sur-Aisne et qui étaient: 1) (( Une maison où pendait jadis l’enseigne de l’espée D, détentée par Guille Lefèvre demeurant à Noyon, ((tenant d’une part à l’hôtel de lescu de France (...) et d’autre part à une masure où pendait jadis l’enseigne de I’eschiquier )).
Ce fief comprenait, avec la maison, plusieurs pièces de terre, les profits de bataille lorsqu’il y avait duel judiciaire au château de Vic et différentes taxes à percevoir sur les bouchers et cordonniers qui exergaient leur métier dans le village. Au début du XVIIIe s. ce fief était connu sous le nom de fief des Essarts ou la Maison du Croizet et est représenté de nos jours par la propriété située au no1
1 de la rue Lucien Damy.
2)a La ville et Prévosté de Bitry D, dont le fief consistait, avec un certain nombre de terres, en ((une tour carrée séant audit Bitry, nommée la tour du Grand Hôtel,))
3) ((Un fief séant en la ville et terroir dudit Vy qui fut à feu Pierre Fouquet et par avant à feu Jehan Manxiou, contenant ledit fief une maison et colombier)) avec divers droits à Vic, Fontenoy et sur le Bac de Vic,
4) (( Un fief séant au terroir dudit Vy qui fut 9 feu Thomas Quil- let contenant ledit fief six essins à herbage au terroir dudit Vy))
 5) ((Un fief séant en la ville et terroir de Vy contenant ledit fief trois essins de prés derrière la maison de Favitre)) avec droits sur des terres des environs,
 6 (( Une maison séant audit Rivière qui fut à feu Maistre Jacques Cadot en son vivant advocat à Compiègne comprenant ledit fief une maison lieu et pourpris ainsi que tout se comporte et en laquelle avait jadis une chapelle, )) à présent détentée par Pierre Béniard de- meurant à Compiègne. Ce fief, nommé fief de la Chapelle, était si- tué à Roches. En 1602 il fut acquis par le seigneur des Essarts Jacques Bontemps.









Le site du château

La fiche historique du château

La chatellenie



La ville de Vic-sur-Aisne




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