Espace exposition

samedi 6 février 2016

Fiche historique, les châteaux-forts. Moÿ de l'Aisne






















Fiche N° XVIII








۩   Le Château-fort de Moÿ à Moÿ-de-L'Aisne


Situé au Nord du département de l'Aisne à deux pas de la Communauté de communes du Pays du Vermandois, entre Saint-Quentin et Laon, Moÿ, tout du moins le château, fut une maison de plaisance fortifiée avec un reflet plus ou moins caractérisé de la demeure féodale du moyen-âge. Le château, tel qu' il se trouvait avant 1795, c' est à dire avec toutes ses constructions, formait un rectangle à peu près régulier bordé de trois côtés par trois corps de logis avec étages







Dénomination : Château-fort


Localisation :  02610 Moÿ-de-l'Aisne
département de l'Aisne

Région : Hauts-de-France (Aisne)


Année de construction :  XVe siècle le château






Architecture : 




Le château, tel qu' il se trouvait avant 1795, c' est à dire avec toutes ses constructions, formait un rectangle à peu près régulier bordé de trois côtés par trois corps de logis avec étages, construits en pierres blanches, sur un soubassement en grès mesurant 16 mètres de hauteur depuis le niveau de l' eau jusqu' au dessous de l' entablement. Le château n' a jamais été achevé, dans la partie Sud une lacune restait encore à construire pour obtenir un rectangle complet. Les murailles fortifiées de sept tours d' inégale grosseur et épaisseur, étaient reliées entre elles par des courtines variant elles-mêmes de hauteur et d' épaisseur suivant l' époque de leur construction.
Dans le fond, il y avait deux grosses tours réunies par un grand corps de logis couronné de mâchicoulis et bordé de créneaux. Ces deux tours, ellipsoïdales, étaient à peine engagées dans les murs afin de mieux flanquer les courtines au ras de la contrescarpe des fossés, des ouvertures avaient été aménagées pour des canons qui ne pouvait être d' un gros calibre, mais placé là pour battre les fossés et raser les alentours.
Les courtines formaient intérieurement des corps de logis dont nous donnerons plus loin la description.
Au sud, les plus anciennes constructions ont été démolies en 1795, le corps de logis, du fond au Nord, a été démolie en 1845. Sans la généreuse intervention de M le comte Félix de Mérode, le château tombé dans les mains des démolisseurs, eût été rasé complètement.

Le château de Moÿ possédait, à droite, une grosse tour plus basse et plus large que les autres, en avant, deux tours fines, élégantes, couronnées de mâchicoulis encadrent l'entrée actuelle. Ces tours sont réunies par un pavillon dans lequel s' ouvre une porte à ogive placée en retrait sur une plate bande.
A gauche de l' entrée, on voit, en perspective, tout ce qui reste encore de cet important château.
La façade du château, de ce côté, est tout à la fois sévère et imposante et elle est la plus brillante expression de la renaissance française et la plus heureuse application de la transition du gothique à la Renaissance dans l' architecture militaire. Il est évident que ce château n' a pas été bâti pour soutenir un siège car on n y rencontre pas le donjon féodal du moyen-âge, mais, cependant, on y retrouve encore des tours épaisses, engagées de distance en distance dans les courtines percées de meurtrières, couronnées de mâchicoulis, derrière lesquels régnaient des galeries intérieures disposées pour pouvoir jeter des pierres et des matières enflammées sur les assiégeants. On y retrouve aussi les fossés profonds et pleins d' eau, le pont-levis et la herse. On y reconnaît même l' application du système de défense des châteaux du XIIIe siècle ; les tours du fond portent à leur partie supérieure deux étages de défenses, celui du bas, garni de mâchicoulis et l' autre, supérieur, de créneaux seulement. On ne songe pas encore à placer des canons sur les tours et sur les courtines, et l' on conserve les couronnements pour la défense rapprochée, tandis que l' on garnit de bouches à feu les parties inférieures des tours.
Si l' on étudie la forme et la disposition intérieure des tours et des bâtiments du château de Moÿ, si l' on compare leur hauteur, leur diamètre, si l' on mesure l' épaisseur des murailles, si l' on examine leur surélévation dans parties et le peu de concordance des assises de maçonnerie, on acquiert, bien vite la certitude que le château n' a pas été construit d' un seul jet et à la même époque. Quelles sont donc les parties les plus anciennes ?
Il paraît évident que la grosse tour du Sud, démolie en 1795, qui se situait à droite du pavillon d' entrée, devait être la plus ancienne, sa forme, lourde et écrasée et sa charpente, indiquent une construction que l' on aurait pu faire au XIV siècle.
Les tours du Nord et de l' Est, qui présentent une forme ellipsoïdale et dont les murs ont une épaisseur de 2, 40m dans les flancs, et 3, 50m dans la partie de face, paraissent avoir été construites en même temps que le corps de logis principal dont les murs ont également 2, 40m d' épaisseur. Quant à la tour du milieu de la courtine située au Nord-Ouest, elle a été évidemment accolée à la muraille depuis sa construction, servant à la défense de ce long espace de murs.
Les deux tours qui flanquent le pavillon d' entrée sont relativement modernes à cause du peu d'épaisseur des murs, 1 mètre, et de l' architecture des voûtes de l' appartement placé au dessus de la voûte d' entrée qui indique la fin du XVe ou le commencement XVIe siècle.
Le château de Moÿ a-t-il eu à l' origine la forme qu'il présente aujourd' hui ?
Peut-être pas, sa première forme a dû être quadrangulaire; des tours aux angles, plus une tour de garde placée en avant, à l' endroit où est aujourd' hui le pavillon d' entrée. C' est la disposition que présentait le château de Sully sur Loire, bâti de 1390 à 1400, dans lequel on retrouve l' entrée, séparée, reliée par un corps de logis au château quadrangulaire. Le château de Moÿ fut ravagé et incendié bien des fois sans cependant qu' il en soit fait mention dans l' histoire, nous rencontrons la première trace de dévastation en 1339 lorsque Edouard IlI, roi d' Angleterre, vint en France disputer la couronne à Philippe de Valois. C' est à Ribemont, Moÿ et Origny S Benoîte que se trouvait campée l' armée anglaise lorsque le monarque apprit que le roi de France était parti de Péronne pour venir à sa rencontre à la tête d'une armée.



Matériaux : Pierre



Historique :


Le château de Moÿ, dont l' architecture paraît indiquer le XVe siècle, appartient en partie à une époque plus reculée, il caractérise le moment où les seigneurs n' élevaient plus de forteresses mais des maisons de plaisance fortifiées avec un reflet plus ou moins caractérisé de la demeure féodale du moyen âge.
Pour les architectes du XV siècle, il n' y avait pas de châteaux sans tours sans mâchicoulis, sans fossés, sans pont-levis, cependant, si l' on étudie les constructions militaires de cette époque, on voit que l' artillerie préoccupe les seigneurs. Ils n' abandonnent pas l' ancien système, des courtines flanquées de tours, système consacré par un trop long usage pour être brusquement mis de côté, mais ils en modifient les détails, ils commencent à étendre les défenses extérieures, et utilisent les rivières pour protéger les approches des murs. C' est dans ce but qu' un bras de l' Oise avait été détourné de son lit principal et dirigé de manière à former une double ceinture alentour des murailles du château de Moÿ, que des ouvertures avaient été pratiquées au bas des tours pour loger de petites pièces d ' artillerie.
Ce monument nous donne une idée de ce qu' étaient les demeures seigneuriales dans lesquelles les habitudes de luxe et de confort avaient commencé à s' introduire et qui, quoique richement décorées à l' intérieur, n' en étaient pas moins bien fortifiées extérieurement.
Tout en cherchant le confort dans leurs habitations, les barons regardaient un bon château comme un excellent moyen de maintenir leur puissance politique, de résister aux ravages de 1' invasion étrangère et de composer avec les partis.

Qu' y aurait-il d' étonnant qu' à la suite d' une de ces ruines et lors de la reconstruction du château, le seigneur de Moÿ eût modifié la disposition de son manoir et cherché à l' agrandir en supprimant l' ancienne entrée, en transformant en pavillon fortifié formant l' entrée actuelle la tour Barbacane placée en avant de la porte et en la reliant par une courtine avec l' ancienne enceinte du château. Le peu d' épaisseur des courtines et des tours de cette partie accusent évidemment une origine plus récente et donnent quelques vraisemblances à cette opinion.

Après la prise de Coucy par les Bourguignons, en 1419, le duc de Bourgogne vint à St-Quentin accompagné de Jean de Luxembourg, de Croy, de l' Isle Adam de Longueval, etc... Là, les députés de Laon vinrent le trouver avec les ambassadeurs d' Angleterre pour l' engager à venir prendre, Crespy et les châteaux de Clacy et de Moÿ, qui inquiétaient et désolaient le pays. Le Duc, se rendant à leurs prières, alla mettre le siège devant Crespy qui se rendit après quinze jours de siège. L' historien ne dit pas si Moÿ fut pris, il est probable que ce château suivit le sort de Crespy. Le château de Moÿ fut brûlé en 1557 lors du siège de St-Quentin par des corps détachés de l' armée espagnole. Le texte du Voyage pittoresque dans l'ancienne France par le baron Taylor, dit que Charles IX s' y arrêta une nuit, au commencement de son règne, et que le plancher de la chambre, où il reposait, s' écroula tout à coup. Il ajoute : La tradition ne dit pas même qu' il ait été blessé. S' il fût mort dans ce château on regretterait un roi poète, mais l' histoire n' aurait point à déplorer les scènes sanglantes de son règne.

Moÿ fut le lieu de rendez-vous assigné par le prince de Condé en novembre 1579 à ses amis Jumelles, Gennes et à plus de 80 gentilshommes qui s' y rendirent secrètement pour seconder les vues ambitieuses du prince.
Pendant les guerres de la Fronde Moÿ et Ribemont furent souvent le théâtre des opérations militaires des deux partis.
L' armée des Pays Bas, conduite par le colonel Quélin, y campait en 1636 Turenne y arrivait en 1637.
Le roi y passait en 1653, le prince de Condé la même année. De Turenne couchait au château de Moÿ en Novembre 1655
De 1635 à 1660 commençaient, pour ce malheureux pays, vingt années d' indicibles douleurs.
Les noms de Jean de Verth de Condé et surtout celui du baron d' Erlach ont laissé, dans la campagne, des souvenirs si vivaces, la mémoire des excès de leurs soldats en est restée si poignante que dans le patois du pays on insulte encore du nom de Derlaque un homme qui s' est montré brutal sans nécessité.

La baronnie et le château de Moÿ après être restés pendant quatre siècles dans la possession des Guy et Goulart de Moÿ furent en mars 1 578 érigés en marquisat par le roi Henri III en faveur de Charles de Moÿ. Le marquisat passa dans la maison de Lorraine par le mariage de Claude de Moÿ avec Henri de Lorraine Possédé successivement par MM Crozat de Brienne de Luçay de Galbois ce château de Moÿ fut sauvé d une destruction complète par la générosité de Mr le comte Félix de Mérode.

Le château de Moÿ possédait une église élevée dans la cour du château en 1498 par Colart de Moy en l' honneur de saint-Pierre et saint-Paul, de l' institution et de la dotation d' un collège de chanoines attachés à cette chapelle.
L' église paroissiale de Moÿ, bâtie en dehors de l' enceinte du château, sur le bord de la rue principale du village, à côté d' un tilleul tricentenaire, devenue insuffisante pour la population actuelle du bourg, vient d' être reconstruite en partie. On a fait concorder la nouvelle construction avec l' aile de l' ancienne église qui a été conservée. Cette aile porte sur la face extérieure de l' angle Sud-Est de l' ancien chœur une inscription qui indique que cette partie de l' église a été, en 1632, sans doute sur l' emplacement d' une plus ancienne détruite lors des guerres du XVII siècle.







La ville de Moÿ


Une photo du château




Notice
sur
Le château de Moÿ
(Aisne) ;
Par M Ch Gomart.

Inspecteur de la Société française d archéologie





 *


Les places fortes entourant l'Ile-de-France

Châteaux, château-fort, donjons
http://unchemindeliledefrance.blogspot.fr

Le monde des châteaux



Aucun commentaire: