۩ Le Château de Ratilly, à Treigny
Situé entre Auxerre et Bourges, proche d'Orléans et de La Charité-sur-Loire, Treigny, petite commune de l'Yonne se positionne à la frontière départementale avec la Nièvre, en Bourgogne-Franche-Comté. C'est une terre d'élection pour les potiers dont les ateliers exploitent l'argile blanche ou rouge de la région. Le village est situé en région naturelle de La Puisaye, aux confins de l'Orléanais, du Nivernais et de la Bourgogne et est placé au Sud-Ouest du département de l'Yonne à 50 kms au Sud d'Auxerre. Entourée de grands noms de communes tels Gien, Vézelay, Saint-Fargeau, Treigny bénéficia de son château féodal, une masse énorme faite de pierres, de tours et d'un caractère encore féodal...
Dénomination : Château-Fort
Localisation : 89520, Treigny, département de l'Yonne
Région : Bourgogne-Franche-Comté
Année de construction : XIe et XIIIe siècle pour l'édifice actuel
A Ratilly, il y a un château féodal dans le style du XIIIe siècle. Il s'agit d'une masse carré fossoyée et en eau de 16 m de largeur et d'un deuxième fossé occupant une surface de 1963 m. La porte est cintré et accueille un pont-levis. Elle est défendue par 4 tours rondes que précède 2 autres tours rondes à 10m des murailles. Deux autres tours flanquent les angles extrêmes. Les tours font environ 10 m de haut et n'ont pas de crénaux, tout comme les murs qui sont perçés de quelques rares baies étroites. Le parement est de taille moyenne. Les moellons sont en grès ferugineux jusqu'à une certaine hauteur. Au XVIIe, on a construit un donjon sur le pont-levis. Les bâtiments intérieurs sont moderne sauf la chapelle qui date de la Renaissance. En avant du château, il y a un portail cintré qui date de 1619. Sur ses cotés il y a 4 trous pour tirer au fusil (note de l'étudiant: des archères de fusilliade). Entre les deux enceintes, il y a une chapelle ogivale du XVIe siècle.
Un premier édifice, du XIe siècle, aurait été rasé au cours des guerres féodales. Le château est cité dans un acte de 1160.
Le château est construit sur un plan philippien, une enceinte à 6 tours délimitant une cour rectangulaire, deux tours encadrant le pont levis. Tous les côtés sont occupés par des bâtiments. L'ensemble est ceint de douves asséchées. Deux vergers clos de murs bordent l'allée menant au château.
La tour Sud-Ouest a été transformée en pigeonnier, un lanterneau en ardoise élevé au-dessus de l'entrée, des cheminées construites et des fenêtres ouvertes dans les murs des tours. Il compte une tour de défense à chaque angle, deux tours jumelles flanquant la porte d'entrée -seule issue du château- pour le protéger.
Toutes les tours étaient munies de meurtrières, sur deux niveaux ; celles-ci étaient décalées, entre chaque niveau, de façon à ce que les archers puissent couvrir l'ensemble du terrain.
Dès l'origine, le château comptait six tours, séparées entre elles uniquement par le mur d'enceinte extérieur et le maître logis, côté Est, dont le pignon s'appuie sur la tour Sud-Est. Toutes les tours étaient munies de meurtrières, sur deux niveaux ; celles-ci étaient décalées, entre chaque niveau, de façon à ce que les archers puissent couvrir l'ensemble du terrain. Ratilly a traversé le Moyen Age. La Renaissance, voit la fin des petites guerres locales et la pacification de la région ; par ailleurs, on assiste à l'évolution de l'armement. Les petits châteaux-forts comme Ratilly, efficaces face aux armes du Moyen Age, ne le sont plus face à des canons. Beaucoup de ceux-ci sont alors abandonnés, tombant en ruine. D'autres, comme ce fut le cas pour Ratilly, ont été transformés en résidence. Les propriétaires de l'époque y ont installé des pièces à vivre, des chambres dans trois tours à savoir les deux tours jumelles et la tour Sud-Est, la tour Sud-Ouest étant aménagée en pigeonnier. Quasiment toutes les meurtrières sont alors murées. C'est également à la Renaissance que fut construit le grand bâtiment qui relie les tours entre elles et les deux ailes qui servaient de communs. Le château ayant un usage agricole, ceux-ci servaient d'étables dont il reste des auges en pierre.
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L'histoire
Un château-fort aurait été construit dés le XIe siècle, lors de l’établissement de la féodalité en Puisaye. Rasé au niveau des glacis au cours de guerres entre seigneurs, c’est sur ses fondations que Mathieu de Ratilly fait bâtir vers 1270 l’édifice actuel, qui va connaître bien des remous malgré son isolement.
Durant la guerre de Cent Ans, entre 1357 et 1380, Ratilly est aux mains du seigneur Guy de Vallery, lequel entretient une bande d’aventuriers bretons qui pillent la région – c’est l’incendie du prieuré de Moutiers, par exemple. En 1485, le Chevalier Jean de Chandiou est « seigneur de Treigny en Ratilly ». A sa mort en 1520, sa fille Anne épouse Jean de la Menue, d’origine bourbonnaise.En 1567, c’est le début des guerres de religion ; les Huguenots s’emparent de Ratilly et en font leur place forte dans l’Auxerrois. Ils commettent « pillages, voleries, meurtres et saccagements » dans la région. Au cours des guerres de religion, Ratilly abrite les Huguenots et accueille les Jansénistes pourchassés au début du XVIIIe siècle.
Le calme revient à l’avènement d’Henri IV. Mary du Puy, seigneur d’Igny près de Palaiseau, fait restaurer Ratilly -fenêtres sur la cour intérieure, cheminée de la salle des Gardes. Il s’y installe en 1587. Sa seconde fille Jeanne épouse en 1616 Louis de Menou, gouverneur du Duché de St Fargeau. Celui-ci fait construire le bâtiment d’entrée reliant les deux tours et restaure la chapelle Ste Anne, disparue depuis.
Novembre 1653, Louis de Menou reçoit la Grande Mademoiselle, désireuse de quitter momentanément Saint-Fargeau où vient de mourir l’une de ses dames d’honneur. « Comme la maison est petite j’y menai peu de monde et ne gardai même point de carrosse... Je fus cinq à six jours dans ce désert...», note-t-elle dans ses mémoires.
En 1732, Louis Carré de Montgeron, conseiller au Parlement de Paris, achète Ratilly pour aider l’abbé Terrasson, exilé à Treigny, à propager les idées jansénistes. Mais en 1735 Monsieur de Montgeron et l’abbé Terrasson sont embastillés, et Ratilly revendu. Il est acheté en 1740 par Pierre Frappier, seigneur de Dalinet, dont la fille épouse en 1755 André-Marie d’Avigneau, une famille noble d’Auxerre.
En 1849, le domaine échoit à Charles-Louis Vivien, Juge de Paix à St Fargeau, qui l’entretient magnifiquement. Il fait assécher les douves et planter des vergers. Le château est vendu en 1912 à Juliette-Ernestine Benard, veuve à vingt ans de Charles-Joseph d’Alincourt. Elle vivra seule à Ratilly jusqu’à sa mort en 1945, dans un grand dénuement. Elle lègue Ratilly au chanoine Grossier, archéologue et professeur au séminaire de Sens, assurée qu’il l’entretiendra de son mieux. De fait, le chanoine entreprend d’importantes et urgentes réparations de toitures, fonde une école ménagère, mais âgé et mesurant combien la tâche qui lui incombe dépasse ses forces, il envisage de vendre Ratilly à des acquéreurs en qui il pourrait avoir toute confiance.
Ce seront Jeanne et Norbert Pierlot, en 1951, elle, potière ayant fait son apprentissage à St Amand-en-Puisaye chez Eugène Lion, et lui comédien, qui décidèrent de s’installer à Ratilly et d’y créer un atelier de poterie, un lieu de stages et un centre d’animation culturelle qui deviendra, à partir des années 60 et 70, l’un des tout premier Centre d’Art Contemporain Privé. Chaque année, depuis plus de cinquante ans, des concerts, des spectacles originaux et des expositions d’arts plastiques majeures servent les artistes contemporains dans le cadre unique du château. La démarche originale de Jeanne et Norbert Pierlot d'installer leur atelier de poterie et, à travers les rencontres qu’ils développent, font de ce centre d’art, un lieu d’échanges et d’expressions artistiques. Aujourd’hui disparus, la famille Pierlot, soutenue par l’association des Amis de Ratilly, perpétue leur œuvre et vous invite à découvrir Ratilly au fil des saisons...
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