La ville possède des vestiges d'un château-fort dont les premiers remparts, élevés en pierre, datent du XIIIe siècle sous le règne du seigneur des lieux : Odon IV.
Dénomination : Château-Fort
Localisation : 80400, Ham, département de la Somme
Région : Hauts-de-France
Année de construction : XIe siècle
L'Architecture
Si l'on compare le plan de 1631 avec celui de 1862 on reconnaîtra de suite que le périmètre des murailles de la ville n'a pour ainsi dire pas été modifié depuis le XVIe siècle. L'enceinte protégée de trois côtés à l'Est au Nord et à l'Ouest, par le cours de la Somme, et par des marais tourbeux aujourd'hui desséchés et convertis en hardines n'était abordable en 1631 que du côté Nord et de ce côté. La ville était couverte par un étang et par le château-fort qui défendaient l'accès des portes Noyon et Chauny, Ham avait alors, comme aujourd hui, trois portes;
La porte Péronne, nommée aujourd' hui porte Saint-Quentin
La porte Chaumoise ou Chauny
La porte Noyon ou Paris
Cette dernière, sur le plan manuscrit de 1 677, est encore placée entre deux tours on voit par là que la porte Noyon, qui vient d' être démolie, avait été bâtie après 1 677.
Les murs de Ham doivent dater en partie du XVe siècle si nous admettons qu' ils ont été bâtis au moyen de la cession que le roi Louis XI fit de 1 467 à 1 475 des deniers destinés aux fortifications de la ville. Ils se composent presque partout d' un soubassement en grès de deux mètres de hauteur qui soutient une muraille revêtue de briques émaillée d' un grand nombre de grès placés en boutisse, dont l' intérieur, de trois à quatre mètres d' épaisseur, est composé d' un blocage de moellons. A six mètres environ règne un cordon surmonté d' un mur de deux mètres de hauteur, mais d' une moindre épaisseur. Ces murailles n' auraient évidemment pas pu résister au fracas des boulets tirés à petite distance, mais elles étaient suffisemment protégées au loin par des marais et des eaux tourbeuses qui présentaient de grandes difficultés à l' approche de l' artillerie.
On avait utilisé avec intelligence les eaux de la Somme pour la défense la place du côté du Nord. La rivière, gonflée par des barrages et divisée en plusieurs bras, était disposée de manière à rendre l' accès de la ville très difficile du côté de Saint-Sulpice;
Le premier bras s' avançait jusqu' au pied de la tour de Benne, là retenu par un barrage qui renflait les eaux de la Somme, il emplissait les fossés de Saint-Sulpice et passait sous le Pont de la Foulerie où, selon toute probabilité, il faisait marcher les foulons d' une fabrique de draps. On voyait au XIXe siècle encore les traces du fossé qui amenait les eaux vers la tour de Benne et de celui qui traversait la chaussée contre le calvaire actuel de Saint-Sulpice.
Le second bras, qui baignait la tenaille de l' Abreuvoir, placée là où se trouve aujourd' hui la limite de l' octroi entre Ham et Saint-Sulpice passait dans un fossé dont on reconnaît la trace à la borne de l' octroi de Ham près de la maison Dangreville.
Le troisième bras passait dans le lit actuel de la Somme sous deux ponts dont l' un s' appelait le Pont inutile et l' autre le Pont des Moulins. Ce dernier faisait tourner les moulins de l abbaye.
On rencontrait le quatrième bras un peu avant la porte Saint-Quentin, il passait sous un pont appelé le Pont Notre-Dame et faisait marcher un tordoir. Le plan de 1 631 indique un grand nombre de tours qui se trouvaient enclavées dans les murailles de la ville et dont quelques unes existent encore aujourd' hui. Voici les noms de ces tours que j' ai indiquées sur le plan moderne joint à cet ouvrage. La tour, qui est à l'angle de la place Marotaine, portait le nom de Corps de Garde des Bordeaux, un peu plus loin, sur le rempart Nord, nous trouvons la Tour du Pas de Cheval, le Corps de Garde de la Tour Rouge, la Tour du Curé, le Bastion de l Abbaye.
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Odon IV entreprit, vers 1216, de reconstruire le vieux fort de ses aïeux. Il fit ouvrir le fossé qui sépare aujourd'hui le château de la ville et y fit arriver les eaux de la Sommette qui passèrent au centre du château et y firent tourner un moulin. Odon IV posa la porte de son château vers le Sud, dans la tour centrale de la façade Nord, il est à croire qu'une partie des murs de la tour est la même que celle du XIIIe siècle, car on y remarque encore les traces de la porte d'entrée. Lorsqu'en 1832 on a mis des chappes sur la voûte qui servait autrefois de passage, on a retrouvé au-dessus les vestiges d'un dallage et les encorbellements de poutres qui indiquent que cette tour a été habitée et qu'elle était plus haute qu'elle ne l'est aujourd'hui.
L'enceinte de 1850 est à peu près la même que celle qu'Odon traça suivant le système de défense de son époque, où l'on recherchait les rivières pour alimenter en eau les larges fossés que l'on construisait autour des murs d'enceinte. Il est à croire même que les fortifications élevées postérieurement ne furent qu'entées sur le vieil édifice. Le fort de Ham était à peine élevé que Philippe-Auguste, jaloux de son autorité royale, exigea d'Odon le serment de lui remettre le château de Ham à grande et petite force, chaque fois qu'il en serait requis. Non content d'avoir exigé le serment de son vassal, il le fit également prêter au maire et à la commune de Ham, ainsi qu'à Eudes de Saint-Simon, gouverneur ou châtelain de la forteresse. Tant de précautions étaient nécessaires à une époque où, malgré les serments prêtés sur les saints Evangiles, les vassaux étaient toujours prêts à se révolter contre leur suzerain. Un siècle plus tard, le besoin de se défendre contre les attaques étant devenu plus grand, on augmenta les fortifications du château de Ham, tandis que plusieurs villages aux alentours érigeaient de nouveaux Forts. Cette multitude de châteaux, au lieu de servir à la défense du pays, servit au contraire à sa ruine aussi les bonnes villes, entre autres celle de Ham, envoyèrent-elles aux Etats-Généraux, tenus à Compiègne en 1358, des représentants pour demander que les châteaux qui ne peuvent se tenir et gouverner sans pillages soient brûlés et dissipés. C'est probablement vers cette époque que furent érigés les deux tours à chaque angle de la façade Ouest qui commandent la porte d'entrée actuelle flanquée entre les deux et celle appelée Tour aux pouldres ou Tour rasée à l'extrémité Sud-Ouest à leur opposés.
Une réparation et une reconstruction partielle du château de Ham par le connétable Saint-Pol, peut se fixer de 1436 à 1466. On sait qu'en 1435, Louis de Luxembourg épousa Jeanne de Bar, comtesse de Marie et de Soissons, héritière de Ham. Or, en 1435, le château de Ham était en réparation, il est très probable que le nouveau propriétaire fit continuer les travaux commencés par Jeanne de Bar et les améliora suivant les systèmes de défense de l'époque.
La Grosse tour fut isolée et entourée d'eau; le fossé primitif avait été reculé par le frère de Chartes VI, qui avait bâti à cette place un corps-de-logis, dont on aperçoit encore les fenêtres donnant sur le canal, ce corps-de-logis servait d'habitation aux propriétaires du fort, ils cessèrent d'y demeurer au commencement du XVIe siècle. On a trouvé, en 1832, des traces de la naissance d'arceaux de voûte, dans l'épaisseur de la muraille. Il est facile de reconnaître, par quelques fenêtres (aujourd'hui bouchées) à meneaux cruciformes et surmontées d'arcs en décharge plein-cintre que la partie de la muraille Sud a servi d'habitation, antérieurement au XVIe siècle.
L'enceinte du château en 1852 présente un rectangle d'environ 120 mètres de longueur sur 80 de largeur, ayant à chaque angle une tour ronde, en saillie sur l'enceinte. L'une d'elles, la tour du Nord-Est, plus large et plus haute que les autres, est nommée la Grosse tour, la tour St.-Pol, ou la tour du Connétable. Outre ces quatre tours rondes, deux autres tours carrées, en saillie, protègent les courtines; l'une, celle du Nord qui servait autrefois d'entrée, est bouchée depuis le XVe siècle; l'autre, celle de l'Ouest est la seule entrée actuelle du Fort. Autour de l'enceinte et des Tours, règne, du côté de l'esplanade, un immense et profond fossé à cunette, autrefois constamment baigné par les eaux d'un étang qui protégeait au loin plus de la moitié des murs du château il présente cette particularité qu'il est garni, du côté de l'esplanade, de galeries souterraines qui communiquaient avec le fort par un passage pratiqué à travers les piliers des arches du pont. Les assiégés, après une sortie, pouvaient rentrer dans le fort par ces galeries aboutissant dans un souterrain situé sous l'entrée de la tour carrée, d'où il était facile de gagner les poternes, couvertes par l'ancien mur de contre-garde placé au sud. Les eaux ont disparu par suite de la suppression du barrage de la porte de Noyon et du détournement de la Sommette, qui alimentait l'étang.
Lire la suite page 111 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k31038h/f103.item.texteImage
Matériaux : Pierre
L'histoire
La ville de Ham possédait un château bien avant le Xe siècle. Les chansons populaires antérieures au XIe siècle et reproduites par les Trouvères des deux siècles suivants le XII et le XIIIe en parlent souvent. Il n'est presque pas de chansons de geste du cycle carlovingien qui n'en fassent mention. La ville possède des vestiges d'un château-fort dont les premiers remparts élevés en pierre datent du XIIIe siècle sous le règne du seigneur des lieux : Odon IV. Dès le xve siècle, sous l'influence de Jean II de Luxembourg-Ligny, puis de son neveu Louis de Luxembourg-Saint-Pol, le château se transforme en une véritable forteresse féodale qui est très convoitée. Louis de Luxembourg, comte de Saint-Pol et connétable de Louis XI en 1465, fait édifier un donjon monumental.
Cité dans une charte de 1052, le château de Ham fut reconstruit au XIIIe siècle par Odon IV de Ham qui lui donna son plan définitif, composé d'une enceinte polygonale cantonnée de grosses tours cylindriques. Enguerrand de Coucy racheta la seigneurie en 1380 et sa fille la revendit en 1400 à Louis d'Orléans qui l'intégra à son réseau de forteresses, parmi lesquelles La Ferté-Milon, Pierrefonds et Fère-en-Tardenois. On doit à son intense activité de bâtisseur la reconstruction de la forteresse, reconstruction parachevée après 1418 par Louis de Luxembourg, qui avait acquis la seigneurie à la suite de l'assassinat de Louis d'Orléans.Nous devons donc rapporter à cette époque la première enceinte murée du château de Ham et peut-être aussi les souterrains sur le compte desquels le vulgaire raconte des histoires terribles. Ce nouveau fort fut détruit en partie au commencement du XIIe siècle, dans les guerres que Louis VI, ce grand démolisseur de châteaux, entreprit contre Thomas de Marte, Guy de Rochefort et autres vassaux en révolte contre l'autorité royale. Il ne nous reste aucun détail sur cette destruction; tout cependant porte à croire qu'elle fut l'oeuvre de Thomas de Marte, qui poursuivait ses brigandages jusque près de Ham, et contre lequel Odon combattit sous les ordres du comte de Vermandois, dans t'armée de Louis VI. Le fort de Ham mis du temps à se relever de ses ruines, ce n'est que vers le commencement du siècle suivant que nous voyons un seigneur de Ham présider à sa reconstruction, sur l'emplacement de l'ancien château.
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