۩ Le Château royal du Vivier, à Fontenay-Trésigny
Le Château Royal du Vivier se situe à Fontenay-Trésigny en Seine-et-Marne dans la région Ile-de-France, sur un site remarquable du ru de Bréon affluent de l'Yerres. Placé sur l'axe Melun-Coulommiers, à 15 kms de Brie-Comte-Robert au sud-ouest, les ruines du château se distinguent. Elles correspondent, ainsi que les sols, à l'emprise initiale de l’ensemble incluant les communs et font l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le 31 octobre 1996.
Dénomination : Château
Localisation : Rue de l'étang du Moulin
77610, Fontenay-Trésigny,
département de la Seine-et-Marne.
Région : Ile-de-France
Année de construction : XIIe siècle
Année de démolition: existe encore
Du manoir royal du Vivier l'histoire se tait sur son origine, les documents qui le concernent ne remontent pas à des temps bien reculés, mais il nous reste de vastes ruines ce sont elles que nous allons interroger:
L'aspect de ces constructions imposantes qui s'élèvent encore à une grande hauteur et sur lesquelles des siècles sont passés, le calme qui règne dans ces lieux aujourd'hui peu fréquentés, laissent dans l'âme émue du visiteur une sensation profonde et mélancolique.
Le Vivier, les ruines du château du Vivier et de sa sainte chapelle ont été occupés primitivement par une station romaine militaire ou civile d'agrément ou d'exploitation agricole. De nombreuses médailles impériales du Bas-Empire trouvées à diverses époques et surtout le passage d'une grande voie militaire sur le coteau occidental qui domine le château attestent d'une manière certaine la présence des Romains en ces lieux. Les ruines du Vivier présentent deux parties bien distinctes; l'une plus intacte et aussi plus intéressante est le château et la sainte-chapelle, l'autre plus étendue mais moins complète qui est l'enceinte générale du fort.
Le château désigné dans les anciennes chroniques sous le nom de Vivarium in Briâ était protégé au Nord et à l'Est par l'étang de Vizy, alors considérable, mais aujourd'hui desséché en partie. Au Midi, une jetée séparant cet étang de celui du Grand Moulin donnait seule accès au château.
A l 'Ouest, un pont-levis s'abattait au pied d'un donjon quadrangulaire servant d'entrée principale au château. Une double voûte ogivale protégée de chaque côté par des archières dirigées en tout sens vers les courtines formait un vestibule. A droite, sous cette voûte dont les pieds droits conservent encore la trace des coulisses de la herse, on remarque dans l'épaisseur du mur une petite salle éclairée du dehors par des meurtrières où se tenaient les hommes de garde.
Les trois étages qui surmontaient ce donjon n'existent plus, l'escalier en spirale éclairé par d'étroites baies ouvertes de côté et d'autre a seul survécu dans un beffroi hardi s'élevant à plus de cent pieds (333 mètres), et séparé dans la presque totalité de sa hauteur de la plus grosse tour. C'est dans ce donjon que se trouvaient les appartements du gouverneur, ils avaient communication avec le étage de la Sainte-Chapelle au moyen d'une galerie supportée par un gros mur formant en même temps la clôture méridionale du château.
Le corps de logis situé au fond de la cour d'honneur, latéralement à la chapelle et sur le même plan que sa façade, est à n'en pas douter la partie la plus ancienne du château royal. Il se composait de cinq grandes pièces donnant sur la cour et sur l'étang de Vizy, ornées de fenêtres de moyenne grandeur divisées par des meneaux croisés. Une grande porte surmontée d'une arcature trilobée ornée en son milieu du double écusson royal formait l'entrée de ce corps de logis.
A l'Ouest, entre le mur de face des appartements royaux et les étangs se trouve une terrasse bornée au Sud et au Nord par le chevet de la Sainte-Chapelle et une tour ronde faisant l'angle du logis. Sur cette terrasse resserrée jadis derrière un gros mur d'appui élevé lors du séjour de Charles VI au Vivier, s'ouvraient plusieurs portes fermées par de larges grilles. Auprès de la tour percée d'une foule de meurtrières où se trouvaient encore il y a quelques années les restes d'un escalier, une autre tour de forme carrée, faisait office de bastion d'angle sur l'étang de Vizy. Comme la première, elle est percée de meurtrières et passait pour la tour des oubliettes avant que celle-ci eût été découverte.
La Sainte-Chapelle est un édifice construit sur un autre plus ancien et consacré à la Vierge en 1352. Elle est située à l'angle méridional du château, sa longueur est de 19 mètres sur 8,33 mètres de largeur. L'abside à trois pans est percée de fenêtres ogivales avec meneaux, celles du fond sont géminées et plus étroites. Deux piscines l'une inférieure, l'autre supérieure, attestent que cette Sainte-Chapelle, comme celle de Paris, était divisée en haute et basse chapelle; la première, où se trouvait l'autel de la Vierge, servait pour l'usage particulier du roi, l'autre pour les gens de sa maison.
Ce monument privé de sa toiture et du plancher établi de plain pied avec les appartements royaux, n'existe plus qu'en des murs latéraux dont la surface intérieure calcinée par le feu, atteste que la destruction est due à un incendie postérieur à l'an 1694.
La face méridionale étayée, ainsi que le chevet de contreforts à deux retraits, est percée à sa partie supérieure de quatre fenêtres ogivales en lancette simples, une seule, mais de grande dimension, existe pour le sol inférieur. La reproduction de ces fenêtres a été négligée pour l 'autre face qui se lie au corps de logis. On remarque seulement de ce côté une petite porte en ogive ayant communication avec le rez-de-chaussée du château, à l'étage supérieur près de l'abside, une large ouverture très ouvragée, devait servir de tribune royale à en juger par un reste de balustre élégamment sculptée à jour. Quelques restes de peinture existent encore sur les parois intérieures selon l'usage au XIIIe siècle. Une rosace pratiquée dans le gable de la façade, domine la porte d'entrée du chef militaire dans la chapelle haute.
Le portail inférieur n'a rien de remarquable, seulement au bas de chacun de ses pieds droits, sont déposés avec d'autres fragments d'architecture, deux jolis chapiteaux romans. On peut croire qu'ils ont appartenu aux colonnes qui soutenaient à l 'intérieur, dans la longue portée des poutres, le plancher divisant les deux étages. Il y a plusieurs pierres tombales, échappées aux démolitions dans cette ancienne chapelle. Sur la première servant de table à l'autel encore subsistant sur le sol inférieur est gravé au trait un personnage revêtu des ornements sacerdotaux. Sa chasuble toute parsemée d'arabesques porte sur le devant une croix plus riche encore et surmontée d une fleur de lys. Ce personnage à la tête couverte de l'aumusse comme au XVe siècle, il est difficile de se faire une idée de la profusion et de la richesse des ornements qui couvrent cette pierre tombale. L'inscription suivante en langue latine est gravée autour les points sont triangulaires comme dans la plupart des inscriptions gallo romaines:
« NOBILIS ET EMINENTIS SC1ENTIE ET PRUDENTIE DUS LEO DE DONO DICTUS LE GENTILHOMME PARISIEN THESAURARIUS ET CANONICUS STE REGAL1S CAPELLE DE VIVARIO CURATUS mot illisible de Ecclesia sans doute SENON OBUT Xa SEPTEMBR M VC XXXVI ET HOC CLAUDIT MAUSOLEO »
Au pied, dans une bande, est écrit le nom du graveur JEHAN LE MOYNE TUNBIER A PARIS.
La troisième inscription à gauche du maître autel est en langue latine, c'est celle de François de Donon mort en 1610 le 4e jour des Nones de janvier IL.
L'enceinte principale du manoir royal protégée par ses vastes fossés toujours remplis d'eau, était devancée par un cordon de quatorze tours rondes espacées à la portée du trait et réunies entre elles par une forte muraille dont il ne reste plus qu'une courtine. Cette enceinte extérieure, hormis le château, enveloppait par son étendue une vaste surface où se trouvaient disposées les dépendances les plus utiles à un séjour royal. Une station militaire se rattachait au corps de logis par un mur d'une grande épaisseur appuyé contre un des angles de l'abside de la Sainte-Chapelle. Ce mur traversait la jetée méridionale où devait se trouver une poterne servant d'issue et descendant vers l'étang du Grand Moulin qui venait se rattacher à une tour maintenant isolée et démantelée jusqu'à la hauteur du premier étage.
Au centre de cette tour, une ouverture circulaire introduit dans un caveau de forme ronde comme la tour dont il occupe toute la profondeur. Six arceaux posés sur des dés très bien taillés en supportent la voûte. Dans ce caveau qui depuis des siècles avait disparu sous des décombres, on a trouvé en le fouillant il y a quelques années un squelette humain sur les dalles qui forment le sol. Peut-être ce trou, creusé à 20 pieds de profondeur sous les fondations de la tour, servait-il autrefois d'oubliettes, c'est du moins l 'attribution qui lui fut donnée lors de sa découverte et qu'il a conservée depuis. De ce point le mur d'enceinte remontant jusqu'à une grosse tour d'angle atteignait une construction carrée actuellement détruite, près de là, il y a deux autres tours circulaires placées aux deux côtés de la voie romaine et protégeant une porte où se percevait un droit de passage (Por torium).
Plus loin à l'ouest une tour circulaire aujourd'hui remplacée par une salle de verdure surmontait l'escalier d'un vaste souterrain. La voûte de la descente taillée à redents offre l'aspect d'un escalier renversé. Cette cave d 'une structure parfaite et sans aucune altération est bordée à droite et à gauche de vingt huit petits caveaux ayant six pieds de profondeur sur trois et demi de largeur. Au fond du souterrain, une ouverture basse et étroite donne entrée à un couloir très resserré et fort humide d'où l'on ne peut sortir qu'en reculant. Il est probable que cette substruction a dû servir dans le principe à recueillir les restes des hauts personnages qui mouraient au château du Vivier. Maintenant à quelle époque remonte la construction de ce Manoir royal?
Quels furent ses premiers habitants? On l'ignore. Mais ce dont on ne doit pas douter c'est qu'à la fin du XIIIe siècle, 1284, ce château fut réuni à la couronne par le mariage de Jehanne de Navarre et de Philippe IV le Bel.
Déjà au commencement du même siècle le Vivier avait été possédé par deux frères poètes et chansonniers Gilles et Guillaume les amis du fameux Trouvère Thibault de Champagne auteur de romances lyriques pleines de grâce. Philippe V le Long a daté de ce château trois ordonnances (1319-1320). Une charte de 1343 nous apprend que Philippe VI de Valois transmit le Vivier et ses dépendances à Jehan II son fils, qui lui même, le laissa à Charles V le Sage lorsqu' il n'était encore que dauphin de Viennois. Le recueil des Ordonnances des rois de France (t 1 III IV passim), renferme également trois ordonnances de ce prince terminées ainsi Datum de Vivario in Briâ. C'est lui qui, en octobre 1352, fonda en l'ancienne chapelle de son château du Vivier en Brie (en l'honneur de la Sainte Trinité et de la très sainte Vierge Marie etc...), un chapitre collégial composé de six chanoines, quatre vicaires, quatre clercs, sous la direction d un trésorier curé, principal dignitaire du chapitre avec dotation d'un revenu annuel de 750 livres parisis à prendre sur les recettes royales des terres de la seigneurie de Tournan.
Charles VI pendant ses trop fréquents accès de folie fut souvent relégué au château du Vivier dont il accrut et enrichit beaucoup la Sainte-Chapelle. Mais après lui ce séjour royal de nom seulement ne fut plus habité que par les chanoines qui profitèrent de cet abandon pour se livrer au relâchement.
Au milieu du XVIIe siècle (mars 1694), l'édifice de la Sainte -Chapelle resté sans entretien ne répondait plus à la dignité d'une Sainte-Chapelle royale, cette chapelle fut réunie par ordonnance de Louis XIV à celle de Vincennes, et n'eut plus dès lors, que le simple titre de chapelle sacerdotale. Enfin en 1736 Louis XV signa les lettres patentes portant extinction définitive de cette chapelle et le chapitre de Vincennes tenu par l'article 3 de l'ordonnance de Louis XIV à y entretenir un prêtre pour la célébration de la sainte messe, n'eut plus à s'occuper que des revenus de la propriété.
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L'aspect de ces constructions imposantes qui s'élèvent encore à une grande hauteur et sur lesquelles des siècles sont passés, le calme qui règne dans ces lieux aujourd'hui peu fréquentés, laissent dans l'âme émue du visiteur une sensation profonde et mélancolique.
Le Vivier, les ruines du château du Vivier et de sa sainte chapelle ont été occupés primitivement par une station romaine militaire ou civile d'agrément ou d'exploitation agricole. De nombreuses médailles impériales du Bas-Empire trouvées à diverses époques et surtout le passage d'une grande voie militaire sur le coteau occidental qui domine le château attestent d'une manière certaine la présence des Romains en ces lieux. Les ruines du Vivier présentent deux parties bien distinctes; l'une plus intacte et aussi plus intéressante est le château et la sainte-chapelle, l'autre plus étendue mais moins complète qui est l'enceinte générale du fort.
Le château désigné dans les anciennes chroniques sous le nom de Vivarium in Briâ était protégé au Nord et à l'Est par l'étang de Vizy, alors considérable, mais aujourd'hui desséché en partie. Au Midi, une jetée séparant cet étang de celui du Grand Moulin donnait seule accès au château.
A l 'Ouest, un pont-levis s'abattait au pied d'un donjon quadrangulaire servant d'entrée principale au château. Une double voûte ogivale protégée de chaque côté par des archières dirigées en tout sens vers les courtines formait un vestibule. A droite, sous cette voûte dont les pieds droits conservent encore la trace des coulisses de la herse, on remarque dans l'épaisseur du mur une petite salle éclairée du dehors par des meurtrières où se tenaient les hommes de garde.
Les trois étages qui surmontaient ce donjon n'existent plus, l'escalier en spirale éclairé par d'étroites baies ouvertes de côté et d'autre a seul survécu dans un beffroi hardi s'élevant à plus de cent pieds (333 mètres), et séparé dans la presque totalité de sa hauteur de la plus grosse tour. C'est dans ce donjon que se trouvaient les appartements du gouverneur, ils avaient communication avec le étage de la Sainte-Chapelle au moyen d'une galerie supportée par un gros mur formant en même temps la clôture méridionale du château.
Le corps de logis situé au fond de la cour d'honneur, latéralement à la chapelle et sur le même plan que sa façade, est à n'en pas douter la partie la plus ancienne du château royal. Il se composait de cinq grandes pièces donnant sur la cour et sur l'étang de Vizy, ornées de fenêtres de moyenne grandeur divisées par des meneaux croisés. Une grande porte surmontée d'une arcature trilobée ornée en son milieu du double écusson royal formait l'entrée de ce corps de logis.
A l'Ouest, entre le mur de face des appartements royaux et les étangs se trouve une terrasse bornée au Sud et au Nord par le chevet de la Sainte-Chapelle et une tour ronde faisant l'angle du logis. Sur cette terrasse resserrée jadis derrière un gros mur d'appui élevé lors du séjour de Charles VI au Vivier, s'ouvraient plusieurs portes fermées par de larges grilles. Auprès de la tour percée d'une foule de meurtrières où se trouvaient encore il y a quelques années les restes d'un escalier, une autre tour de forme carrée, faisait office de bastion d'angle sur l'étang de Vizy. Comme la première, elle est percée de meurtrières et passait pour la tour des oubliettes avant que celle-ci eût été découverte.
La Sainte-Chapelle est un édifice construit sur un autre plus ancien et consacré à la Vierge en 1352. Elle est située à l'angle méridional du château, sa longueur est de 19 mètres sur 8,33 mètres de largeur. L'abside à trois pans est percée de fenêtres ogivales avec meneaux, celles du fond sont géminées et plus étroites. Deux piscines l'une inférieure, l'autre supérieure, attestent que cette Sainte-Chapelle, comme celle de Paris, était divisée en haute et basse chapelle; la première, où se trouvait l'autel de la Vierge, servait pour l'usage particulier du roi, l'autre pour les gens de sa maison.
Ce monument privé de sa toiture et du plancher établi de plain pied avec les appartements royaux, n'existe plus qu'en des murs latéraux dont la surface intérieure calcinée par le feu, atteste que la destruction est due à un incendie postérieur à l'an 1694.
La face méridionale étayée, ainsi que le chevet de contreforts à deux retraits, est percée à sa partie supérieure de quatre fenêtres ogivales en lancette simples, une seule, mais de grande dimension, existe pour le sol inférieur. La reproduction de ces fenêtres a été négligée pour l 'autre face qui se lie au corps de logis. On remarque seulement de ce côté une petite porte en ogive ayant communication avec le rez-de-chaussée du château, à l'étage supérieur près de l'abside, une large ouverture très ouvragée, devait servir de tribune royale à en juger par un reste de balustre élégamment sculptée à jour. Quelques restes de peinture existent encore sur les parois intérieures selon l'usage au XIIIe siècle. Une rosace pratiquée dans le gable de la façade, domine la porte d'entrée du chef militaire dans la chapelle haute.
Le portail inférieur n'a rien de remarquable, seulement au bas de chacun de ses pieds droits, sont déposés avec d'autres fragments d'architecture, deux jolis chapiteaux romans. On peut croire qu'ils ont appartenu aux colonnes qui soutenaient à l 'intérieur, dans la longue portée des poutres, le plancher divisant les deux étages. Il y a plusieurs pierres tombales, échappées aux démolitions dans cette ancienne chapelle. Sur la première servant de table à l'autel encore subsistant sur le sol inférieur est gravé au trait un personnage revêtu des ornements sacerdotaux. Sa chasuble toute parsemée d'arabesques porte sur le devant une croix plus riche encore et surmontée d une fleur de lys. Ce personnage à la tête couverte de l'aumusse comme au XVe siècle, il est difficile de se faire une idée de la profusion et de la richesse des ornements qui couvrent cette pierre tombale. L'inscription suivante en langue latine est gravée autour les points sont triangulaires comme dans la plupart des inscriptions gallo romaines:
« NOBILIS ET EMINENTIS SC1ENTIE ET PRUDENTIE DUS LEO DE DONO DICTUS LE GENTILHOMME PARISIEN THESAURARIUS ET CANONICUS STE REGAL1S CAPELLE DE VIVARIO CURATUS mot illisible de Ecclesia sans doute SENON OBUT Xa SEPTEMBR M VC XXXVI ET HOC CLAUDIT MAUSOLEO »
Au pied, dans une bande, est écrit le nom du graveur JEHAN LE MOYNE TUNBIER A PARIS.
La troisième inscription à gauche du maître autel est en langue latine, c'est celle de François de Donon mort en 1610 le 4e jour des Nones de janvier IL.
L'enceinte principale du manoir royal protégée par ses vastes fossés toujours remplis d'eau, était devancée par un cordon de quatorze tours rondes espacées à la portée du trait et réunies entre elles par une forte muraille dont il ne reste plus qu'une courtine. Cette enceinte extérieure, hormis le château, enveloppait par son étendue une vaste surface où se trouvaient disposées les dépendances les plus utiles à un séjour royal. Une station militaire se rattachait au corps de logis par un mur d'une grande épaisseur appuyé contre un des angles de l'abside de la Sainte-Chapelle. Ce mur traversait la jetée méridionale où devait se trouver une poterne servant d'issue et descendant vers l'étang du Grand Moulin qui venait se rattacher à une tour maintenant isolée et démantelée jusqu'à la hauteur du premier étage.
Au centre de cette tour, une ouverture circulaire introduit dans un caveau de forme ronde comme la tour dont il occupe toute la profondeur. Six arceaux posés sur des dés très bien taillés en supportent la voûte. Dans ce caveau qui depuis des siècles avait disparu sous des décombres, on a trouvé en le fouillant il y a quelques années un squelette humain sur les dalles qui forment le sol. Peut-être ce trou, creusé à 20 pieds de profondeur sous les fondations de la tour, servait-il autrefois d'oubliettes, c'est du moins l 'attribution qui lui fut donnée lors de sa découverte et qu'il a conservée depuis. De ce point le mur d'enceinte remontant jusqu'à une grosse tour d'angle atteignait une construction carrée actuellement détruite, près de là, il y a deux autres tours circulaires placées aux deux côtés de la voie romaine et protégeant une porte où se percevait un droit de passage (Por torium).
Plus loin à l'ouest une tour circulaire aujourd'hui remplacée par une salle de verdure surmontait l'escalier d'un vaste souterrain. La voûte de la descente taillée à redents offre l'aspect d'un escalier renversé. Cette cave d 'une structure parfaite et sans aucune altération est bordée à droite et à gauche de vingt huit petits caveaux ayant six pieds de profondeur sur trois et demi de largeur. Au fond du souterrain, une ouverture basse et étroite donne entrée à un couloir très resserré et fort humide d'où l'on ne peut sortir qu'en reculant. Il est probable que cette substruction a dû servir dans le principe à recueillir les restes des hauts personnages qui mouraient au château du Vivier. Maintenant à quelle époque remonte la construction de ce Manoir royal?
Quels furent ses premiers habitants? On l'ignore. Mais ce dont on ne doit pas douter c'est qu'à la fin du XIIIe siècle, 1284, ce château fut réuni à la couronne par le mariage de Jehanne de Navarre et de Philippe IV le Bel.
Déjà au commencement du même siècle le Vivier avait été possédé par deux frères poètes et chansonniers Gilles et Guillaume les amis du fameux Trouvère Thibault de Champagne auteur de romances lyriques pleines de grâce. Philippe V le Long a daté de ce château trois ordonnances (1319-1320). Une charte de 1343 nous apprend que Philippe VI de Valois transmit le Vivier et ses dépendances à Jehan II son fils, qui lui même, le laissa à Charles V le Sage lorsqu' il n'était encore que dauphin de Viennois. Le recueil des Ordonnances des rois de France (t 1 III IV passim), renferme également trois ordonnances de ce prince terminées ainsi Datum de Vivario in Briâ. C'est lui qui, en octobre 1352, fonda en l'ancienne chapelle de son château du Vivier en Brie (en l'honneur de la Sainte Trinité et de la très sainte Vierge Marie etc...), un chapitre collégial composé de six chanoines, quatre vicaires, quatre clercs, sous la direction d un trésorier curé, principal dignitaire du chapitre avec dotation d'un revenu annuel de 750 livres parisis à prendre sur les recettes royales des terres de la seigneurie de Tournan.
Charles VI pendant ses trop fréquents accès de folie fut souvent relégué au château du Vivier dont il accrut et enrichit beaucoup la Sainte-Chapelle. Mais après lui ce séjour royal de nom seulement ne fut plus habité que par les chanoines qui profitèrent de cet abandon pour se livrer au relâchement.
Au milieu du XVIIe siècle (mars 1694), l'édifice de la Sainte -Chapelle resté sans entretien ne répondait plus à la dignité d'une Sainte-Chapelle royale, cette chapelle fut réunie par ordonnance de Louis XIV à celle de Vincennes, et n'eut plus dès lors, que le simple titre de chapelle sacerdotale. Enfin en 1736 Louis XV signa les lettres patentes portant extinction définitive de cette chapelle et le chapitre de Vincennes tenu par l'article 3 de l'ordonnance de Louis XIV à y entretenir un prêtre pour la célébration de la sainte messe, n'eut plus à s'occuper que des revenus de la propriété.
Texte tiré du livre de J.Oudin
"Manuel d'archéologie religieuse, civile et militaire:
Le château
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Châteaux, château-fort, donjons
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