Vallery, que sa proximité de Sens a fait incorporer dans le département de l'Yonne, est un village du Gâtinais traversé par un affluent du Loing que l'on appelle l'Orvanne. On doit à ses seigneurs deux châteaux dont la construction remonte, pour l'un, au XIIIe siècle, pour l'autre au règne d'Henri II.
Dénomination : Château-fort
Localisation : 89150 Vallery,
département de l'Yonne
Région : Bourgogne-Franche-Comté
Année de construction : XIIIe siècle
Architecture :
Aucun document concernant le premier château n'est parvenu jusqu'à notre connaissance. C'était pourtant une forteresse, dont la possession, aux confins du comté de Champagne et du domaine royal, présentait un intérêt d'autant plus grand que, si l'on peut se fier à un calcul fait au siècle dernier, ses dimensions lui permettaient d'abriter une garnison de 4 à 5.000 hommes. Cette estimation pèche peut-être par optimisme. Pour le moins, les seigneurs de Vallery, grands vassaux du comte de Champagne, étaient gens d'importance qui ont laissé quelques traces dans l'histoire.
Le plan de du Cerceau montre qu'en plus de la partie du vieux château dont subsistent aujourd'hui des vestiges, le maréchal de Saint-André avait conservé les remparts jusqu'à l'alignement ouest de sa propre construction. On peut en inférer que les fondations anciennes furent utilisées pour l'œuvre de la Renaissance. S'il en est ainsi, l'enceinte serait maintenant réduite de moitié et la forteresse du Moyen-âge aurait eu environ 150 mètres de long sur un peu plus de 100 mètres de large. Dans la partie la mieux conservée, au nord, la hauteur de la muraille atteint encore 8 mètres ; plus à l'est, les vestiges ne dépassent pas partout 2 mètres, mais sont nettement visibles au-dessus du sol.
Le petit appareil, d'une pierre extrêmement dure, permet de dater ces fortifications du XIIIe siècle. Elles sont renforcées par des tours qui, alternativement, ont des bases circulaires ou reposent sur des piles carrées. Sur chaque côté de ces piles s'appuie une trompe permettant de passer à un plan circulaire. La partie supérieure ronde, en blocage, est une réfection que rien ne permet de dater.
Encore que chaque trompe soit évidée en son centre pour disposer d'un assommoir, la valeur défensive de ces tours paraît assez médiocre. A moins qu'une bretèche défendît la face extérieure de la pile, l'approche de la sape devait être assez facile, Aussi ne saurait-on s'étonner que le procédé n'ait pas fait école. Le seul dispositif comparable existe au château de Gand. Les portes de Moret, qu'on peut dater du XIVe siècle, sont de même flanquées de piles carrées que surmontent des tours rondes, mais ici le passage du carré au cercle, dont les dimensions sont plus proches entre l'un et l'autre qu'à Vallery, n'exige l'utilisation que de simples corbeaux au lieu de trompes. Dans un cas comme dans l'autre, la partie haute est une réfection en blocage, ce qui permet difficilement de tirer une conclusion.
Des fossés renforçaient l'enceinte. Il ne semble pas qu'ils aient jamais contenu d'eau. Leur fond actuel est sensiblement au-dessus du niveau supérieur de la levée construite sur l'Orvanne du temps de Jacques d'Albon. Seule cette petite rivière aurait été susceptible d'alimenter les douves, à la condition qu'ait été édifié sensiblement en amont un barrage et creusé à flanc de colline un canal dont il serait surprenant qu'ils aient existé sans qu'il en reste aujourd'hui aucune trace.
Il est difficile de concevoir quelles raisons ont déterminé le choix d'un tel site pour y aménager un ouvrage défensif de cette importance. Le château est placé à mi-pente, trop haut pour que l'eau vienne l'entourer ; sa face nord est située tout auprès de l'endroit où, après avoir été presque insensible, la pente devient brusquement assez forte; de ce côté la courtine n'aurait dominé qu'à peine l'assaillant arrivant par le plateau.
Le maréchal de Saint-André avait conservé les deux portes qui donnaient accès au château du Moyen Age, l'une au nord, l'autre au sud. Seule cette dernière subsiste ; encore a-t-il fallu, il y a quelques années, déposer par mesure de sécurité les charpentes de ses poivrières dont la couverture avait été laissée sans entretien. A l'intérieur, on peut voir deux cheminées à manteau en briques d'un type assez particulier et qui semblent dater du début du XVIIe siècle. La face nord porte la marque de percements s'échelonnant du XIIIe au XVe siècle.
Du côté sud, on ne relève de trace de rainure que pour la herse, mais le dessin de Sengre, dont il va être question, montre qu'existait un petit ouvrage avancé avec double pont-levis qui a entièrement disparu.
A droite en entrant s'adosse à la muraille un bâtiment encore utilisable pour l'habitation, dont ne demeure d'ancien qu'une porte du XVe siècle. Pour nous rendre compte de ce que fut dans toute sa splendeur le Vallery du maréchal de Saint-André, il est nécessaire de se reporter aux cinq planches de du Cerceau. Fort précieux aussi sont les dessins exécutés en 1682 pour le prince de Condé par Henry Sengre et conservés à Chantilly qu'a publiés M. Pierre du Colombier.
Matériaux: Pierre
Historique :
Sur l'emplacement d'un château-fort du XIIIe siècle édifié par les seigneurs de Vallery dont subsiste une enceinte, le château fut construit à partir de 1548 pour le maréchal de Saint-André qui en avait acquis les terres le 16 avril de la même année. Son élévation fut confiée à Pierre Lescot et le chantier fut rapidement mené car le palais était déjà bien avancé en 1550, date à laquelle le roi Henri II et sa cour y séjournèrent. De somptueuses fêtes y furent données à cette occasion comme à celles d'autres passages du roi et de hauts personnages du moment. La construction était de fort belle facture à tel point que Jacques Androuet du Cerceau la compare à celle du Louvre de l'époque dans son ouvrage "Les plus excellents bastiments de France", tout en précisant que les matériaux utilisés diffèrent complètement, ainsi que sa conception, mais que la beauté de l'œuvre les réunit;
« Ce lieu de Vallery, seigneurie ainsi nommée, était autrefois un vieil château que feu le seigneur maréchal de Saint-André a enrichi et augmenté de son temps, de tout ce qui y a été fait de neuf, comme de présent apparaît. Le logis est élevé sur un tertre, au-dessus du bourg. Or fait icelui seigneur abattre une partie dudit vieil bâtiment et en la place, lever deux corps d’hôtel avec un pavillon au coin de très belle ordonnance et suivant l’art antique, le parement desquels, tant dedans que dehors, sont de pierre et brique, à savoir les croisées, encoignures, moulures, portes, et enrichissements de pierre blanche et le reste brique, l’un et l’autre autant bien assis et paré qu’il est possible de faire. Ce pavillon a été suivi en partie sur celui du Louvre, non pas que ce soit la même ordonnance, ni aux enrichissements, ni aux commodités, mais pour ce qu'il n’y a rien que beau et bon. Pour le regard des aisances du dedans, vous les pouvez connaître par les plans, tant du premier que second étage, que je vous en ai dessiné. Et quant au reste du vieil château, avec partie du clos d’icelui, cela sert aujourd’hui de basse-cour. Le lieu est accompagné d’un parc, d’assez bonne grandeur, (ainsi qu’il se voit par le toisage des mesures du plan) clos et bien fermé. Joignant icelui est un autre clos, pareillement fermé, contenant dix-sept arpents, où sont de toutes sortes de plans de vignes, tant d’Orléans, Coucy, Beaune, Muscat, Anjou que tous autres des plus exquis. Outre ce, y a un grand jardin, distant quelque peu du logis, du côté de midi, fermé en parement par dedans d’arcs de brique, à l’occident duquel est une galerie qui contient vingt-neuf arceaux et au bout de chacun côté d’icelle, un pavillon d’assez belle monstre et suffisante commodité. À l’opposite de cette galerie, outre le jardin, est une chaussée faisant séparation d’icelui et d’un étang. Cette maison, depuis la mort dudit seigneur maréchal, advint à feu monsieur le prince de Condé et la tiennent pour le jourd’hui ses hoirs. Elle est distante de Fontainebleau de V lieues et de Sens, IIII lieues et demie, ayant Fontainebleau pour septentrion et Sens pour midi. Devers le septentrion, se voient plusieurs sortes d’arbres plantés à la ligne, ensemble un grand commencement de clôture fait du vivant dudit feu seigneur maréchal qui, par son décès, est demeuré imparfait. Au reste, ce lieu est accompli de plusieurs singularités, comme Heronnerie, et telles autres choses qui pourraient y être requises » — Jacques Ier Androuet du Cerceau, Premier volume des plus excellents bastiments de France, Paris, 1576-1579
Très probablement, le site est au cours du XIIe siècle, le centre principal des vicomtes de Sens (Salo, son fils Garin, la sœur de ce dernier Ermensent, Galeran le second époux d'Ermensent). Au décès d'Ermensent, les domaines vicomtaux qui couvrent une quarantaine de communes actuelles sont partagés entre ses petits-fils issus de sa première union avec le Champenois Laurent de Vendeuvre, et sa fille Helissent, dame de Chaumont dont procède la branche des Barres possesseur de la seigneurie de Chaumont (sur-Yonne). Les frères Jean et Hugues de Vallery, sires de Vallery, Saint-Valérien et de Marolles-sur-Seine, fils de Bouchard de Vendeuvre et de Mahaud de Roucy, jouent un rôle important sous Louis VIII. Jean est au chevet du Roi lors de son décès à Montpensier. Erard de Vallery, fils de Jean, est un professionnel de la guerre qu'on trouvera sur les champs de bataille de tout l'Occident : Hollande, Acre, Sicile-Naples, Tunisie, etc ... Charles d'Anjou lui doit en partie la couronne de Sicile. Les Croisés de Carthage lui doivent leur rembarquement après la mort de saint Louis. La famille nivernaise de Thianges succède par héritage aux Vallery.
* Le site du château
* Vallery sur la base Pop culture
* Deux très beau documents sur le château
* Tourisme Yonne
La ville de Vallery
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Les places fortes entourant l'Ile-de-France
Le monde des châteaux
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