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jeudi 8 mai 2025

Fiche historique, les châteaux-forts. Breteuil-sur-Iton

 










Fiche N°II







۩   Le Château-fort de Breteuil, à Breteuil-sur-Iton

Breteuil-sur-Iton est une jolie petite ville normande du département de l'Eure, le territoire de la commune est principalement composé de vastes plaines et de massifs forestiers, un des plus grands de l’Eure. Située au Sud-Ouest d'Evreux, ici, histoire et nature s’entremêlent harmonieusement,  
en effet, une ancienne forteresse fut érigée par Guillaume Le Conquérant dès 1054 elle servait contre les attaques du roi de France... à défendre le Duché de Normandie
  








Dénomination : Château-Fort 

Localisation :   27 160, Breteuil-sur-Iton,
 
département de l'Eure

Région : Normandie





♠  Le château-fort de Breteuil 

Cette forteresse était entourée de fossés alimentés par le détournement des eaux de l’Iton. Les archers et seigneurs de Breteuil participèrent à la conquête de l’Angleterre en 1066 lors de la Bataille d’Hastings.  Le grand étang de Breteuil défendait autrefois le «vieux fort». Ce château médiéval n’existe aujourd’hui qu’à l’état de vestiges très réduits mais reste parfaitement discernable sur les plans du XVIIIe siècle, réparti sur deux îles artificielles mitoyennes. Un plan de 1792 montrait des vestiges plus importants : une large tour cylindrique assise au centre de la plate-forme castrale, en très légère surélévation et plus ou moins quadrangulaire (environ 50 sur 70 m, selon L. Régnier). La tour-maîtresse paraît avoir été entourée d’une enceinte partiellement conservée, dont deux tours rondes défendaient l’entrée vers la basse-cour. L. Régnier évoquait également, au début du XXe siècle, une possible chemise ou courtine, large de 2,50 mètres : une maçonnerie à parement en grison présentant un angle rentrant avait été retrouvé à un endroit pouvant faire la jonction avec le donjon.
La basse-cour trapézoïdale, séparée de la plate-forme par un large fossé, s’étendait à l’est, vers le bourg, sur 120 par 150 mètres de longueur. Selon le plan de 1792, elle était également close de murs de pierre et flanquée d’au moins trois tours cylindriques. L. Régnier notait la présence de nombreux vestiges enfouis sur son pourtour et supposait la présence de tours quadrangulaires, faisant remonter cet ensemble au XIIe siècle. Actuellement, la plateforme a totalement disparu. La basse-cour, transformée en jardin public, présente des levées de terre latérales, dans la partie sud de laquelle un massif de maçonnerie, ressemblant à une tour de flanquement est encore visible mais ne remonte pas au XIIe siècle. Un relevé micro-topographique des vestiges fossoyés et maçonnés a été effectué en 2007. Sur de nombreux points, ce «vieux fort» semblerait plutôt se rapporter aux XIIIe-XIVe siècles. 
 

* Un château à motte plus ancien ? 
Une autre structure, située dans la partie sud-ouest du bourg, paraissant avoir précédé le «vieux-fort», a pu être isolée, grâce à deux documents iconographiques présentant une butte artificielle ovalaire et tronconique entre le fossé intérieur et l’embouchure de l’Iton, à l’emplacement des anciens fourneaux. Le cadastre de 1825 mentionnait également son emprise au sol, sous la forme d’un mince filet plus ou moins circulaire. L’installation de fourneaux (1480) puis d’une usine à papier au XIXe siècle a pu bouleverser ces anciens aménagements, que Régnier identifiait simplement comme un ouvrage avancé défendant l’entrée du château. Cette butte était néanmoins très clairement comprise entre les fossés extérieurs de la ville, le Grand Étang et le départ du canal intérieur. D’autres plans cadastraux plus précis, semblent indiquer qu’elle fut associée à un fossé annulaire présentant une ligne incurvée vers l’intérieur du bourg. Le plan des Ponts et Chaussées en montre un prolongement par un tertre artificiel longiligne, entre les étangs et le bourg. Au nord de cette structure, la partie occidentale du bourg présentait un schéma particulier, oblong, en partie isolé du reste de l’habitat par un fossé arrondi, disparu aujourd’hui mais encore en eau sur les plans du XVIIIe siècle et de 1825, entre les rues «de la Moulerie» et «du Puisot», puis «du Loup». Sur le plan de 1839, il était déjà réduit de moitié. Régnier avait noté que cette structure était «séparé[e] du côté qui règne au nord par une levée de terre pleine située à l’angle nord-est de l’enceinte» mais il pensait qu’il pouvait s’agir d’une enceinte primitive de l’habitat, ce qui est fort peu probable, puisqu’elle excluait, de loin, l’église paroissiale. B. Lizot aurait par ailleurs relevé des traces de fortifications dans l’ancienne rue de la Moulerie, ainsi que les vestiges d’une tour au sud.

Le schéma général qui en ressort, évoque un dispositif de fortification indépendant du «Vieux fort», s’apparentant au type traditionnel d’un château à motte, figurée par la butte artificielle au sud avec une ancienne basse-cour entourée de son fossé, remaniée et tronquée par la suite car absorbée par le bourg. Ces lieux furent donc profondément modifiés. Cependant, les traces de fossés intérieurs et les élévations artificielles, figurées sur les plans du XVIIIe siècle, attestent indéniablement la présence d’une fortification. Celle-ci paraît être antérieure à l’enceinte du bourg, qui l’aurait en partie englobée. S’agirait-il du château primitif de Breteuil, construit vers 1054, par Guillaume le Bâtard, ou d’un château antérieur attribuable à Raoul d’Ivry, Hugues de Bayeux ou Guillaume Fils-Osbern?
 
Les sources écrites pourraient-elles apporter quelques indices supplémentaires? G. de Jumièges se contenta de le décrire comme une place forte «non moins bien» que Tillières. Le récit du siège de février 1119 fut l’occasion de livrer quelques indications sommaires. Les bourgeois, fidèles à Henri Ier, lui ouvrirent leur ville, ce qui permit d’encercler totalement le château – curieusement qualifié de municipium où Julienne s’était enfermée. Henri fit détruire le pont du château, si bien que pour fuir, Julienne n’eut d’autre recours que de traverser les fossés d’eau glacée. Il est donc clair que le bourg et le château étaient nettement séparés mais se touchaient. Le château, à accès unique, était totalement cerné de douves. Cette description, pourtant précieuse, peut cependant s’appliquer à la fois au «vieux fort» et à ce château plus ancien. Il ne semble pas qu’Henri Ier l’ait ensuite détruit mais seulement réinvesti, avant de le confier à Raoul II de Gaël. Celui-ci fit sans doute quelques aménagements. En effet lorsque quelques mois plus tard, le château fut de nouveau assiégé, le même narrateur précisa que Raoul tenait «les portes» du château. Il apparaît donc que le bourg devait apporter un soutien supplémentaire à la défense mais seulement si la population restait solidaire du château. Il était donc envisageable de tenir l’un sans l’autre, puisqu’il s’agissait de deux pôles indépendants. Ils étaient néanmoins complémentaires car la possession de l’un permettait de prendre – ou de conserver – l’autre. 

Lors du siège de Verneuil, en août 1173, Henri II fit étape au château de Breteuil, abandonné par Robert III de Leicester et l’aurait «réduit en cendres». Une autre version précisait que, le château étant déjà entre les mains du roi, celui-ci «sur un lieu en hauteur, constitua son armée rangée en bataille, avec des cavaliers et des fantassins», bien que le terrain, autour de Breteuil, fût naturellement plat. Henri II se serait-il placé sur l’éminence formée par l’ancienne motte? L’abandon du château par Robert de Leicester dispensait Henri II de livrer bataille. Il semble que cet auteur ait en fait commis plusieurs erreurs: tout d’abord, les châteaux du comte de Leicester ne furent remis au roi qu’en juillet de l’année suivante; ensuite, il semble avoir confondu le récit du passage à Breteuil avec l’arrivée à Verneuil, décrite plus loin par R. Hoveden. Cette remarque invite à rester prudent sur ces types de sources – notamment sur le récit de B. de Peterborough – qui bien que chronologiquement très proches des événements, ne furent pas toujours le reflet de leur réalité. Il est donc possible que le château fut effectivement incendié en 1173 puis restauré par Robert III, après recouvrement de ses biens (janvier 1177).


 Le bourg

La fondation du bourg apporta des modifications internes à Breteuil, avec une mise en forme plus précise de l’habitat et, sans doute, sa fortification. De nombreux documents iconographiques des XVIIIe et XIXe siècles montrent qu’il était entouré d’une enceinte oblongue, marquée par des fossés en eau. L’existence de ces fossés près de la porte de Conches fut précisée en 1656 car ils bornaient des maisons ou des «places vides». Les parties nord-est et occidentale de cette enceinte étaient arrondies et la partie sud, plus rectiligne. À cet endroit était encastrée, entre l’enceinte primitive du bourg et le «Bras-Forcé» de l’Iton, une friche ou espace rural, visible sur le plan de 1735-1737.

Ce bourg, aujourd’hui labellisé “Station Verte de Vacances” et “Village fleuri”, bordé par un vaste ensemble forestier et traversé par un bras de rivière, a connu un fort passé historique. 




Les places fortes entourant l'Ile-de-France

Châteaux, château-fort, donjons






Le château actuellement








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