Senlis se situe sur la Nonette, entre les forêts de Chantilly et d'Ermenonville au sud, et d'Halatte au nord, à quarante kilomètres au nord de Paris. Dressée au sud du département de l'Oise et entourée de bois, la ville, de fondation antique, séjour royal durant le Moyen Âge, conserve de sa longue histoire un riche patrimoine et possède plusieurs musées.
Anciennement : Beffroi
Le château royal de Senlis est un site remarquable, non seulement de l'histoire de Senlis, mais aussi de l'Histoire de France.
En face, immédiatement à droite de l'entrée à l'angle nord-est du parc, se trouve une grosse tour carrée de la fin du Xe siècle, écrêtée au XVIIe siècle. Son apparence d'origine est inconnue, mais bien des caractéristiques la rapprochent d'un donjon. Bâti avec des gros blocs d'appareil provenant de bâtiments publics du Senlis antique (Augustomagus), la bâtisse a pendant un certain temps été confondue avec une construction gallo-romaine. En réalité, seules les fondations contiennent des vestiges archéologiques de cette époque. La tour se distingue par de très larges contreforts saillants et des murs épais de 4,5 m, pour une superficie construite de 21,5 m sur 17 m. L'intérieur contient une unique salle rectangulaire, remaniée à l'époque gothique, avec un puits dans la partie sud-est. C'est près de cette tour que le socle de la statue de l'empereur Claude a été découvert, exposé au musée d'art et d'archéologie de Senlis. La tour ne se visite pas ; elle n'était vraisemblablement pas reliée au château royal de Louis le Gros.
Les beffrois de Senlis et d'Evreux.
Il serait un peu tard pour rendre compte du volume de travaux publié en 1893 par le Comité archéologique de Senlis (3e sér., t. VII, année 1892). Négligeant donc deux mémoires de MM. l'abbé Müller et Anthyme Saint-Paul, qui appelleraient, d'ailleurs, un long commentaire, nous présenterons simplement ici de très courtes observations motivées par l'article intéressant que M. le vicomte de Caix-de-Saint-Aymour a intitulé : Le beffroi de Senlis.
Essai de restitution .
Le beffroi de Senlis n'existe plus depuis l'année 1802. C'était une tour carrée, surmontée d'une toiture recouverte de plomb, avec des lucarnes et un campanile ou « petit clocher ». Ce couronnement de charpente avait, d'ailleurs, été remplacé, dans les premières années du règne de Louis XV, par une flèche en pierre. Aucun dessin ou gravure ne nous a conservé l'aspect exact de cette curieuse construction municipale, soit avant, soit après les travaux du XVIIIe siècle. Les deux figures intercalées dans le texte de M. de Saint-Aymour sont des essais de restitution tentés par M. de Clercq, d'après un croquis fait de mémoire par un vieil habitant de Senlis qui, dans son enfance, avait vu le beffroi debout. Si l'on s'en rapporte à ces deux figures, le beffroi de Senlis offrait une analogie extraordinaire avec la Tour de l'Horloge d'Évreux. Même nombre d'étages, même hauteur relative de ces étages, même porte en arc bandé avec tympan, arcade en tiers point et accolade ; mêmes baies étroites et sans ornements, même balustrade portée sur un encorbellement très accentué ; même parti de gargouilles sous une saillie de moulures. A Senlis, il est vrai, le plan carré continuait sans changement de la base au sommet, tandis qu'à Évreux il passe à l'octogone entre le deuxième et le troisième étage ; mais c'est un point secondaire, qui prouve seulement que les ressources étaient inégales dans les deux villes. Les arêtes, en effet, sont nues de part et d'autre, et les deux ensembles ont un caractère commun de simplicité élégante absolument particulier.
Or, de l'une des deux constructions, la date est connue. On sait, par des renseignements certains, que la tour d'Evreux fut commencée en 1490 et terminée en 1497. La tour de Senlis, telle qu'elle nous est présentée, ne saurait donc être identifiée, comme M. de Saint-Aymour semble le faire, avec celle réparée en 1392, suivant un devis publié par M Flammermont (Com. archéol. de Senlis, 1875). Elle datait de la fin du XVe siècle, et non de la fin du XIVe.
La conclusion est qu'il existe, entre la forme donnée au monument par l'artiste, auteur de la restitution et l'un des documents ayant servi à cette restitution, contradiction absolue. Mais nous ne voulons pas incriminer trop sévèrement le joli croquis de M. de Clercq ; s'il « donne bien la silhouette que devait présenter le vieux beffroi », nous ne pouvons vraiment le considérer comme une restitution, dans le sens exact du mot. On sait que le beffroi d'Évreux a été grandement popularisé par la gravure; tous les auteurs de manuels, entre autres, le donnent, avec raison, comme le type achevé du genre. C'est ce qui explique sans doute les souvenirs trop fidèles à l'influence desquels n'a pu échapper M. de Clercq.
Rien n'empêche que le même architecte ait pu, à la fin du XVe siècle, donner les plans du beffroi d'Évreux et du beffroi de Senlis. Mais pour qu'une affirmation ou même une hypothèse puisse se produire à cet égard, il est besoin d'autres documents qu'un croquis fait de mémoire au XIXe siècle.
L. RéGiNier.
La ville de Senlis
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