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jeudi 31 juillet 2025

Fiche historique, les châteaux-forts. Nangis

 







Fiche N° XXIII








۩  Château-fort puis château , à Nangis

Nichée au centre de la Brie et du département de la Seine-et-Marne entourée de terres agricoles et de parcelles boisées, la commune se situe entre Melun et Provins, deux grandes places au moyen-âge et à 60kms au Sud-Est de Paris. Nangis acquière assez vite sa motte castrale puis son château-fort qui connait les rebondissements du moyen-âge. Nangis est érigée en ville par François Ier en 1544.

 







Dénomination : Château-Fort puis château

Localisation :   77 370 à Nangis
 
département de la Seine-et-Marne

Région : Ile-de-France





 
Nangis est mentionné dans les textes dès 1157 et la commune connut deux châteaux successivement: le Chastel et la Motte Beauvoir, qui sont chacun à l'origine d'un noyau d'habitat.
Le premier, le Chastel était une forteresse datant d'après l'an mille. Le Chastel est abandonné car la route amène trop de pillards. Cette forteresse avait deux avant-postes: la Grande et la Petite-Bretèche, au lieu-dit Bertauche.
Le château médiéval du XIIe siècle, au lieu-dit La Motte-Beauvoir, était le siège d'une importante seigneurie. Il est entouré de douves qu'un pont enjambe (le pont des marquis). Le château était de plan carré avec trois corps de bâtiments et des tours aux angles. Il ne reste qu'une aile avec deux tours. Aux Xlle-XIlle siècle, le fief appartenait à la famille de Britaud qui dota Nangis d'une église, d'un hôtel-Dieu et d'une léproserie. Au XIVe siècle, le roi Charles VII donna la seigneurie à Denis de Chailly. Puis, elle passa dans les mains de la famille de Brichanteau au XVIe siècle et devint un marquisat en 1612 sous Louis XIII. Au XVIIe siècle, le château a été modifié pour en effacer les signes défensifs et de larges fenêtres sont venues percer les façades pour en faire une résidence agréable à habiter. Un parc entoure l'élégante demeure.
Autour du château, les communs du château forment ce qu'on appelle « la ferme du château », dont l'entrée se faisait par la porte monumentale en pierre de taille, conservée et inscrite à l'inventaire des Monuments Historiques en 1963 en même temps que «la ferme» du château. Les bâtiments sont disposés autour d'une cour, dans laquelle a été construite une maison d'habitation. Une grange, une étable, une bergerie et une halle pour les récoltes sont disposées autour. Le pigeonnier est un droit féodal, dû au statut de seigneur d'un fief. Sa taille reflète toujours l'étendue du domaine par le nombre de trous de boulins. Généralement, un trou vaut pour 1/2 hectare. Celui de Nangis en comporte 873. Les pigeonniers, ou colombiers, ont souvent été détruits à la Révolution car représentatifs du pouvoir de la noblesse.


* Le château dans le temps

Pendant leur séjour à Nangis les Guerchy (XVIIIe siècle) avaient essayé de faire revivre l' animation de l' époque des Brichanteau, leur château vit se renouveler sous Louis XV les réceptions d' autrefois: on y donna plusieurs fêtes princières auxquelles s' associaient les habitants du voisinage. D' après un manuscrit de ce temps, ce château remanié sous Henri II et sous Louis XIII avait encore une grande apparence avec son avenue précédant la grille de l' avant cour, avec sa façade exposée au soleil levant dressée de deux grandes ailes parallèles et flanquée de quatre tours en gresserie. Les trois corps de logis élevés de deux étages au dessus du rez-de-chaussée étaient couverts d' ardoises, ils masquaient les communs: deux basses cours, le colombier à pied et une chapelle de Saint- Mathurin reconstruite en 1757. Sur la façade principale rehaussée munie d' embrasures de chaînes, de corniches, de pilastres en pierre, les Brichanteau avaient fait sculpter leurs armes ; D' azur à six besants d' argent qui furent aussi les armes des Guerchy.
On a dit avec raison que ce mélange de constructions successives d' anciennes tours démantelées, de tourelles et de pavillons formait un pèle-mêle un peu disparate. Ce n' était pas moins une belle demeure, malheureusement sans perspective située en plat pays dans le bourg même près de l' église. L' ensemble des bâtiments se trouvait encadré de larges fossés à fond de cuve qu' on franchissait au moyen de deux ponts, au midi s' étendaient les jardins et le parc à l' anglaise dont la superficie fut portée de 40 à 65 arpents (de 50 400 à 81 900m2) au cours du dix huitième siècle. Du côté du parc, l' aspect primitif avait peu changé bien que l' ancien appareil féodal eût été fort négligé depuis que l' on s' attachait à donner au séjour de la campagne plus de confort et d agrément. Mais c' est surtout l' intérieur de l' habitation qui s' était transformé. Les contrats des deux derniers siècles mentionnent trop sommairement les lambris dorés plafonds, les tableaux, chassis, ornements et autres choses servant à l' embellissement et à la décoration du château.

Malgré les démolitions opérées comme l' écrivait Amédée Aufauvre (XIXe siècle) dans son livre sur les Monuments de Seine et Marne, la masse de l' ancien château, le pourpris, l' avant-cour, les fossés étaient encore très apparents. Près de l' église et presque en face du portail s' ouvre une porte plein cintre à bossage et à entablement qui date de Louis XIII, un peu plus loin sur l' angle, en tirant vers la place, se dresse une tour ronde. Toutefois ce n' est pas de ce côté qu' il faut chercher la trace de l' ensemble du vieux manoir, il faut aller du côté sud de l' église. Il reste là un fossé dont l' escarpe est commandée par un rempart, les courtines sont reliées par des tours et des bastions malheureusement rasés. En retrait de cette enceinte du côté de la campagne, s' élève un corps de logis dont les ouvertures refaites et déformées ont affaibli le caractère. Aux angles il y a deux tours, celle de gauche est marquée au cachet du seizième siècle qui la modifie, celle de droite, si l' on s' en rapporte aux formes générales et en l' absence de tout détail caractéristique doit être contemporaine de Charles VII et de Louis XI. Cinq contreforts montent du fossé pour soutenir cet unique corps de logis isolé au milieu du vide qui s' est fait aux alentour. C' est en cet état que se trouvaient les restes du château quand la ville de Nangis en est devenue propriétaire en 1859.

Texte de l'histoire du château écrit au XIXe siècle 
par Th LHUILLIER

Correspondant du Comité des Sociétés des Beaux Arts des départements à Melun.



Les places fortes entourant l'Ile-de-France

Châteaux, château-fort, donjons



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Reconstitution de la façade côté jardin au XVIIe


L'ancien château féodal


Le château actuellement


Reste des remparts



Porte du château de l'ancienne prison
























mardi 22 juillet 2025

Fiche historique, les châteaux-forts. Maillebois

 















۩   Le Château-fort puis château , à Maillebois

Nichée au creux d'un grand espace boisé, au nord du département de l'Eure-et-Loir proche de Dreux, Maintenon et Epernon à l'Est dans le pays de thymerais au coeur d'une terre flanquée de territoires agricoles, de forêts, de zones agricoles hétérogènes qui marque la transition entre les massifs domaniaux de Châteauneuf et de Senonches. Autrefois Château-Fort puis château au XVIIe siècle, Maillebois est devenu au fil du temps cette majestueuse bâtisse brique et pierre.

 







Dénomination : Château-Fort puis château

Localisation :   28 170 à Maillebois
 
département de l'Eure-et-Loir

Région : Centre-Val-de-Loire





 
Comme tout château médiéval, celui de Maillebois a dû être bâti en bois avant de l'être en pierre de silex durant la seconde moitié du Moyen Âge. La présence d'un ouvrage de défense est attestée sur le site en 1383, l'édification du château de brique actuel par Jeanne d'O, ses six tours puis la chapelle, remontent aux alentours de 1460. Son descendant, François d'O était l'un des mignons d'Henri III qui occupa plusieurs charges honorifiques et fort rémunératrices : gouverneur de Caen, gouverneur de Paris, surintendant des Finances. Amateur d'Art, de sculpture et de peinture, il "laissa fort embellies les demeures qu'il occupa à chaque poste". En lui adjoignant une chapelle (1495) qui deviendra l'église paroissiale. Il fait aussi coiffer les tours de hautes toitures effilées, toutes différentes, et percer de nombreuses fenêtres: la demeure fortifiée devient une maison de plaisance.

C’est une forteresse qui contrôlait le passage de la Blaise et celui des troupes entre l’Île-de-France et la Normandie qui se sont longtemps combattues. Bâtiment militaire de plan carré, flanqué de quatre tours, intégrant le logis et la chapelle, il devait ressembler au château de Villebon. Ce château en habit d'Arlequin était complété de deux petites tours placées au milieu des enceintes, le tout protégeant une cour carrée fermée par un portail décoré de deux tourelles intérieures. De l’époque médiévale subsistent des murs d’une large épaisseur inclus dans le bâtiment et les fondations de la partie nord, signalées par des murets.
Au corps principal s'ajoutent deux tours carrées formant un U, auxquelles viennent se flanquer deux grosses tours rondes. Des mâchicoulis soulignent la façade et les tours créant un ensemble harmonieux. Le château de Maillebois tel qu'il existe aujourd'hui est un mélange de plusieurs styles. Bâti en bois, puis en pierre de silex durant la seconde moitié du Moyen Âge, les murs d'origine atteignent par endroits plus de 2 mètres de large. Maillebois est à l'époque une vraie forteresse, avec un pont-levis, un donjon, quatre tours de garde et des murs à créneaux.
Depuis ses origines, le fief de Maillebois dépend de la baronnie de Châteauneuf-en-Thymerais. Il est la propriété d'une branche cadette des Vendôme-Montoire puis par le jeu des alliances, celle des Vieuxpont, Le Baveux et Ô.



* Le château actuel

Le château de Maillebois, situé à 30 kilomètres au nord-ouest. Les bâtiments des communs, oeuvre de Nicolas Desmarets, surintendant des finances sous Louis XIV, datent de la fin du XVIIe siècle. Ils ont été restaurés par le Vicomte de Maleyssie au début du XIXe siècle. C'est Lionel-Henri Latham, grand-père de l'actuel propriétaire, qui fit construire les écuries en 1882, à l'arrière des communs. Très caractéristiques de la fin du XIXe siècle, elles s'organisent autour d'une cour à demi-creusée dans la colline. On note l'unité des matériaux utilisés : silex, briques de différentes couleurs, granit et marbres. Le passage et les salles sont couvertes de voûtes et de voûtains ornés de motif de briques vernissées. Les murs sont construits en rognons de silex avec des joints en mortier coloré, tous les encadrements, bandeaux et entablements sont en briques, les ouvertures ont des linteaux en arc en anse de panier. Les mangeoires et les abreuvoirs sont en marbre. Deux bronzes de Rainot ornementent les abreuvoirs extérieurs. Un exèdre constitue le pédiluve pour les chevaux. Le mobilier équestre est toujours en place. Le décor est régulièrement ponctué des initiales entrelacées LHL qui signifient Lionel-Henri Latham. Ce qui est remarquable, c'est l'homogénéité de l'ensemble : absolument toutes les pièces sont réalisées de la même façon, mais sans monotonie aucune, grâce à la richesse des jeux combinés de la polychromie et de la géométrie. Ces écuries sont toujours utilisées. Le château médiéval, brûlé par les Anglais en 1425, fut rebâti sur les anciens soubassements. À la Renaissance, un nouveau château dans le goût de l'époque fut édifié puis embelli ou modifié au cours des siècles suivants jusqu'à ce que la Révolution le réquisitionne comme bien national. Depuis, il n'a appartenu qu'à deux familles.
Le château est inscrit en tant que monument historique le 22 décembre 1941, les façades et toitures des communs sont inscrites en 1974 et la totalité des écuries est inscrite en 2001.Quant à l'intérieur du château, voici ce que Mme Latham, quand elle faisait les honneurs de son château, signalait à ses hôtes, en traversant le salon aux fines boiseries Louis XV : les tapisseries des Noces de Persée acquises par M. de Maleissye à l'hôtel Talhouët à Paris, une cheminée et un lit en provenance du château de Crécy, ainsi qu'un tableau de Mignard représentant la duchesse de la Vallière. Malheureusement, les sept tapisseries dont Mme Latham était si fière ont été volées en 1984. Il n'en reste plus que le souvenir grâce aux photos.




Les places fortes entourant l'Ile-de-France

Châteaux, château-fort, donjons



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Le château au XVIIe







La cour



Le porche des écuries