Espace exposition

jeudi 31 juillet 2025

Fiche historique, les châteaux-forts. Nangis

 















۩  Château-fort puis château , à Nangis

Nichée au centre de la Brie et du département de la Seine-et-Marne entourée de terres agricoles et de parcelles boisées, la commune se situe entre Melun et Provins, deux grandes places au moyen-âge et à 60kms au Sud-Est de Paris. Nangis acquière assez vite sa motte castrale puis son château-fort qui connait les rebondissements du moyen-âge. Nangis est érigée en ville par François Ier en 1544.

 







Dénomination : Château-Fort puis château

Localisation :   77 370 à Nangis
 
département de la Seine-et-Marne

Région : Ile-de-France





 
Nangis est mentionné dans les textes dès 1157 et la commune connut deux châteaux successivement: le Chastel et la Motte Beauvoir, qui sont chacun à l'origine d'un noyau d'habitat.
Le premier, le Chastel était une forteresse datant d'après l'an mille. Le Chastel est abandonné car la route amène trop de pillards. Cette forteresse avait deux avant-postes: la Grande et la Petite-Bretèche, au lieu-dit Bertauche.
Le château médiéval du XIIe siècle, au lieu-dit La Motte-Beauvoir, était le siège d'une importante seigneurie. Il est entouré de douves qu'un pont enjambe (le pont des marquis). Le château était de plan carré avec trois corps de bâtiments et des tours aux angles. Il ne reste qu'une aile avec deux tours. Aux Xlle-XIlle siècle, le fief appartenait à la famille de Britaud qui dota Nangis d'une église, d'un hôtel-Dieu et d'une léproserie. Au XIVe siècle, le roi Charles VII donna la seigneurie à Denis de Chailly. Puis, elle passa dans les mains de la famille de Brichanteau au XVIe siècle et devint un marquisat en 1612 sous Louis XIII. Au XVIIe siècle, le château a été modifié pour en effacer les signes défensifs et de larges fenêtres sont venues percer les façades pour en faire une résidence agréable à habiter. Un parc entoure l'élégante demeure.
Autour du château, les communs du château forment ce qu'on appelle « la ferme du château », dont l'entrée se faisait par la porte monumentale en pierre de taille, conservée et inscrite à l'inventaire des Monuments Historiques en 1963 en même temps que «la ferme» du château. Les bâtiments sont disposés autour d'une cour, dans laquelle a été construite une maison d'habitation. Une grange, une étable, une bergerie et une halle pour les récoltes sont disposées autour. Le pigeonnier est un droit féodal, dû au statut de seigneur d'un fief. Sa taille reflète toujours l'étendue du domaine par le nombre de trous de boulins. Généralement, un trou vaut pour 1/2 hectare. Celui de Nangis en comporte 873. Les pigeonniers, ou colombiers, ont souvent été détruits à la Révolution car représentatifs du pouvoir de la noblesse.


* Le château dans le temps

Pendant leur séjour à Nangis les Guerchy (XVIIIe siècle) avaient essayé de faire revivre l' animation de l' époque des Brichanteau, leur château vit se renouveler sous Louis XV les réceptions d' autrefois: on y donna plusieurs fêtes princières auxquelles s' associaient les habitants du voisinage. D' après un manuscrit de ce temps, ce château remanié sous Henri II et sous Louis XIII avait encore une grande apparence avec son avenue précédant la grille de l' avant cour, avec sa façade exposée au soleil levant dressée de deux grandes ailes parallèles et flanquée de quatre tours en gresserie. Les trois corps de logis élevés de deux étages au dessus du rez-de-chaussée étaient couverts d' ardoises, ils masquaient les communs: deux basses cours, le colombier à pied et une chapelle de Saint- Mathurin reconstruite en 1757. Sur la façade principale rehaussée munie d' embrasures de chaînes, de corniches, de pilastres en pierre, les Brichanteau avaient fait sculpter leurs armes ; D' azur à six besants d' argent qui furent aussi les armes des Guerchy.
On a dit avec raison que ce mélange de constructions successives d' anciennes tours démantelées, de tourelles et de pavillons formait un pèle-mêle un peu disparate. Ce n' était pas moins une belle demeure, malheureusement sans perspective située en plat pays dans le bourg même près de l' église. L' ensemble des bâtiments se trouvait encadré de larges fossés à fond de cuve qu' on franchissait au moyen de deux ponts, au midi s' étendaient les jardins et le parc à l' anglaise dont la superficie fut portée de 40 à 65 arpents (de 50 400 à 81 900m2) au cours du dix huitième siècle. Du côté du parc, l' aspect primitif avait peu changé bien que l' ancien appareil féodal eût été fort négligé depuis que l' on s' attachait à donner au séjour de la campagne plus de confort et d agrément. Mais c' est surtout l' intérieur de l' habitation qui s' était transformé. Les contrats des deux derniers siècles mentionnent trop sommairement les lambris dorés plafonds, les tableaux, chassis, ornements et autres choses servant à l' embellissement et à la décoration du château.

Malgré les démolitions opérées comme l' écrivait Amédée Aufauvre (XIXe siècle) dans son livre sur les Monuments de Seine et Marne, la masse de l' ancien château, le pourpris, l' avant-cour, les fossés étaient encore très apparents. Près de l' église et presque en face du portail s' ouvre une porte plein cintre à bossage et à entablement qui date de Louis XIII, un peu plus loin sur l' angle, en tirant vers la place, se dresse une tour ronde. Toutefois ce n' est pas de ce côté qu' il faut chercher la trace de l' ensemble du vieux manoir, il faut aller du côté sud de l' église. Il reste là un fossé dont l' escarpe est commandée par un rempart, les courtines sont reliées par des tours et des bastions malheureusement rasés. En retrait de cette enceinte du côté de la campagne, s' élève un corps de logis dont les ouvertures refaites et déformées ont affaibli le caractère. Aux angles il y a deux tours, celle de gauche est marquée au cachet du seizième siècle qui la modifie, celle de droite, si l' on s' en rapporte aux formes générales et en l' absence de tout détail caractéristique doit être contemporaine de Charles VII et de Louis XI. Cinq contreforts montent du fossé pour soutenir cet unique corps de logis isolé au milieu du vide qui s' est fait aux alentour. C' est en cet état que se trouvaient les restes du château quand la ville de Nangis en est devenue propriétaire en 1859.

Texte de l'histoire du château écrit au XIXe siècle 
par Th LHUILLIER

Correspondant du Comité des Sociétés des Beaux Arts des départements à Melun.



Les places fortes entourant l'Ile-de-France

Châteaux, château-fort, donjons



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Reconstitution de la façade côté jardin au XVIIe


L'ancien château féodal


Le château actuellement


Reste des remparts



Porte du château de l'ancienne prison
























mardi 22 juillet 2025

Fiche historique, les châteaux-forts. Maillebois

 















۩   Le Château-fort puis château , à Maillebois

Nichée au creux d'un grand espace boisé, au nord du département de l'Eure-et-Loir proche de Dreux, Maintenon et Epernon à l'Est dans le pays de thymerais au coeur d'une terre flanquée de territoires agricoles, de forêts, de zones agricoles hétérogènes qui marque la transition entre les massifs domaniaux de Châteauneuf et de Senonches. Autrefois Château-Fort puis château au XVIIe siècle, Maillebois est devenu au fil du temps cette majestueuse bâtisse brique et pierre.

 







Dénomination : Château-Fort puis château

Localisation :   28 170 à Maillebois
 
département de l'Eure-et-Loir

Région : Centre-Val-de-Loire





 
Comme tout château médiéval, celui de Maillebois a dû être bâti en bois avant de l'être en pierre de silex durant la seconde moitié du Moyen Âge. La présence d'un ouvrage de défense est attestée sur le site en 1383, l'édification du château de brique actuel par Jeanne d'O, ses six tours puis la chapelle, remontent aux alentours de 1460. Son descendant, François d'O était l'un des mignons d'Henri III qui occupa plusieurs charges honorifiques et fort rémunératrices : gouverneur de Caen, gouverneur de Paris, surintendant des Finances. Amateur d'Art, de sculpture et de peinture, il "laissa fort embellies les demeures qu'il occupa à chaque poste". En lui adjoignant une chapelle (1495) qui deviendra l'église paroissiale. Il fait aussi coiffer les tours de hautes toitures effilées, toutes différentes, et percer de nombreuses fenêtres: la demeure fortifiée devient une maison de plaisance.

C’est une forteresse qui contrôlait le passage de la Blaise et celui des troupes entre l’Île-de-France et la Normandie qui se sont longtemps combattues. Bâtiment militaire de plan carré, flanqué de quatre tours, intégrant le logis et la chapelle, il devait ressembler au château de Villebon. Ce château en habit d'Arlequin était complété de deux petites tours placées au milieu des enceintes, le tout protégeant une cour carrée fermée par un portail décoré de deux tourelles intérieures. De l’époque médiévale subsistent des murs d’une large épaisseur inclus dans le bâtiment et les fondations de la partie nord, signalées par des murets.
Au corps principal s'ajoutent deux tours carrées formant un U, auxquelles viennent se flanquer deux grosses tours rondes. Des mâchicoulis soulignent la façade et les tours créant un ensemble harmonieux. Le château de Maillebois tel qu'il existe aujourd'hui est un mélange de plusieurs styles. Bâti en bois, puis en pierre de silex durant la seconde moitié du Moyen Âge, les murs d'origine atteignent par endroits plus de 2 mètres de large. Maillebois est à l'époque une vraie forteresse, avec un pont-levis, un donjon, quatre tours de garde et des murs à créneaux.
Depuis ses origines, le fief de Maillebois dépend de la baronnie de Châteauneuf-en-Thymerais. Il est la propriété d'une branche cadette des Vendôme-Montoire puis par le jeu des alliances, celle des Vieuxpont, Le Baveux et Ô.



* Le château actuel

Le château de Maillebois, situé à 30 kilomètres au nord-ouest. Les bâtiments des communs, oeuvre de Nicolas Desmarets, surintendant des finances sous Louis XIV, datent de la fin du XVIIe siècle. Ils ont été restaurés par le Vicomte de Maleyssie au début du XIXe siècle. C'est Lionel-Henri Latham, grand-père de l'actuel propriétaire, qui fit construire les écuries en 1882, à l'arrière des communs. Très caractéristiques de la fin du XIXe siècle, elles s'organisent autour d'une cour à demi-creusée dans la colline. On note l'unité des matériaux utilisés : silex, briques de différentes couleurs, granit et marbres. Le passage et les salles sont couvertes de voûtes et de voûtains ornés de motif de briques vernissées. Les murs sont construits en rognons de silex avec des joints en mortier coloré, tous les encadrements, bandeaux et entablements sont en briques, les ouvertures ont des linteaux en arc en anse de panier. Les mangeoires et les abreuvoirs sont en marbre. Deux bronzes de Rainot ornementent les abreuvoirs extérieurs. Un exèdre constitue le pédiluve pour les chevaux. Le mobilier équestre est toujours en place. Le décor est régulièrement ponctué des initiales entrelacées LHL qui signifient Lionel-Henri Latham. Ce qui est remarquable, c'est l'homogénéité de l'ensemble : absolument toutes les pièces sont réalisées de la même façon, mais sans monotonie aucune, grâce à la richesse des jeux combinés de la polychromie et de la géométrie. Ces écuries sont toujours utilisées. Le château médiéval, brûlé par les Anglais en 1425, fut rebâti sur les anciens soubassements. À la Renaissance, un nouveau château dans le goût de l'époque fut édifié puis embelli ou modifié au cours des siècles suivants jusqu'à ce que la Révolution le réquisitionne comme bien national. Depuis, il n'a appartenu qu'à deux familles.
Le château est inscrit en tant que monument historique le 22 décembre 1941, les façades et toitures des communs sont inscrites en 1974 et la totalité des écuries est inscrite en 2001.Quant à l'intérieur du château, voici ce que Mme Latham, quand elle faisait les honneurs de son château, signalait à ses hôtes, en traversant le salon aux fines boiseries Louis XV : les tapisseries des Noces de Persée acquises par M. de Maleissye à l'hôtel Talhouët à Paris, une cheminée et un lit en provenance du château de Crécy, ainsi qu'un tableau de Mignard représentant la duchesse de la Vallière. Malheureusement, les sept tapisseries dont Mme Latham était si fière ont été volées en 1984. Il n'en reste plus que le souvenir grâce aux photos.




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Le château au XVIIe







La cour



Le porche des écuries















mardi 3 juin 2025

Fiche historique, les châteaux-forts. Evreux

 



















۩   Le Château-fort puis château , à Evreux

Nichée au creux de la vallée, Evreux cette charmante ville de l' Eure et Capitale de son département, reste une ville à échelle humaine. Situé dans la vallée de l'Iton sur un plateau de craie, Evreux fait face en son sud à Dreux, puis Chartres un peu plus loin et Paris vers l'Est. Héritière d’une histoire bimillénaire, siège épiscopal à partir du  IVe siècle, capitale du comté d'Évreux vers 990, elle appartient au duché de Normandie, uni au royaume d'Angleterre de 1066 à 1204.







Dénomination : Château-Fort puis château

Localisation :   27 000 à Evreux
 
département de l'Eure

Région : Normandie





 
Le château d'Evreux est situé dans la cité, il est la siège et le chef-lieu d'une seigneurie des plus considérables du royaume. On peut dire que ce château a été très considérable et très ancien. Des vestiges se voyaient aux environs de celui qui existait au XIXe siècle, les fossés ont été comblés à la même époque pour y bâtir des maisons et des jardins. Il subsistait depuis longtemps au milieu du XIe siècle puisqu' il est expressément fait mention que le monastère de Saint-Sauveur fut bâti en ce temps là. Le château qui subsistait au XIXe siècle, était un édifice irrégulier et simple par son aspect, il parait que celui qui a conduit cet ouvrage n'avait pas plus de goût pour l'architecture que pour les antiquités. Il y avait une ancienne chapelle dans le château qui était servie par trois chapelains lesquels étaient pourvus de plein droit par les comtes d' Evreux.
Des fouilles archéologiques au XVIIIe et XIXe siècle ont démontré l’existence, à l’angle nord-est de la cité, d’un castellum, camp militaire romain, entouré de fossés et de remparts. Puis, tout au long du Moyen Âge s’y élève un château, dont l’existence est attestée dès 1060, dans une charte concernant la fondation de l’abbaye de Saint Sauveur par Richard, comte d’Evreux. Selon la période, ce château dépend de l’autorité du roi de France, du roi d’Angleterre ou du Duc de Normandie. A l’angle ouest se trouve un donjon, nommé “grosse tour du chastel”. En 1462, Louis XI fait reconstruire l’édifice, dont aucune vue ni description n’est conservée. Ce bâtiment est abattu en 1662 par les ducs de Bouillon, qui le remplacent par une construction de style classique, conforme au goût du jour.

Evreux, ville forte
A proximité de l’actuelle place Sepmanville se rejoignent le rempart gallo-romain (ou castrum), édifié à la fin du IIIème siècle ap. J.-C. et qui entoure la Cité, et l’enceinte médiévale, construite à la fin du XIIème siècle, destinée à protéger le bourg commerçant et paroisse Saint-Pierre, organisé autour de son église. Le développement de ce bourg, au nord de la cité antique, résulte de la proximité avec le bras septentrional de l’Iton. La fortification médiévale rejoint le castrum gallo-romain en deux points : à l’ouest, par une jonction toujours visible au niveau du cours de la rivière en face de la terrasse du MataHari, et à l’est, au niveau de la « grosse tour du châtel » (à gauche de l’actuel Hôtel de ville), située à l’angle nord-est du castrum.

À quoi ressemble Évreux entre les Xe et XIIe siècles ? Difficile de le dire avec certitude car les archives municipales ou départementales, le fonds patrimonial n’ont pas d’images de cette période montrant la ville. Mais il y en a pour les siècles suivants. Les gravures du XVIIe ou du XVIIIe siècle montrent que le centre d’Évreux, autour de la cathédrale, du château comtal connu depuis 1060, du palais de l’évêque (épiscopal), ressemble aux autres cités françaises de l’époque.
Dans l’hypothèse d’un premier état du castrum, les parcelles diagnostiquées se trouveraient dans l’espace délimité par la muraille et incluant les thermes toujours en fonction. Il serait même possible, selon les restitutions proposées, qu’un tronçon de cette muraille longe intérieurement la limite nord de l’emprise prescrite. La construction du second castrum a quant à elle entraîné l’exclusion des parcelles de l’aire urbaine.
La cité médiévale se développe par la suite dans l’enceinte du castrum tardo-antique, lequel accueillit, dans son angle nord-est, le château des comtes d’Évreux dont la première attestation remonte à 1060. Son emplacement est aujourd’hui occupé par la mairie d’Évreux.
Les recherches menées sur le castrum suggèrent, comme nous l’avons vu, l’existence d’un premier état de cette fortification englobant totalement les terrains diagnostiqués (fig. 6), et relevant du 3e quart du IIIe siècle.
La base des fondations du mur du castrum, il est présent sous la façade Est du théâtre, en débord de plus d’un mètre.
Le rôle défensif des fortifications s’amenuisant à la fin de la période médiévale, les ponts levis sont progressivement immobilisés et remplis de pavés et de terre. C’est notamment le cas au XVIIe siècle des ponts levis de la Porte aux Febvres et de la Porte Peinte.

jeudi 8 mai 2025

Fiche historique, les châteaux-forts. Breteuil-sur-Iton

 










Fiche N°II







۩   Le Château-fort de Breteuil, à Breteuil-sur-Iton

Breteuil-sur-Iton est une jolie petite ville normande du département de l'Eure, le territoire de la commune est principalement composé de vastes plaines et de massifs forestiers, un des plus grands de l’Eure. Située au Sud-Ouest d'Evreux, ici, histoire et nature s’entremêlent harmonieusement,  
en effet, une ancienne forteresse fut érigée par Guillaume Le Conquérant dès 1054 elle servait contre les attaques du roi de France... à défendre le Duché de Normandie
  








Dénomination : Château-Fort 

Localisation :   27 160, Breteuil-sur-Iton,
 
département de l'Eure

Région : Normandie





♠  Le château-fort de Breteuil 

Cette forteresse était entourée de fossés alimentés par le détournement des eaux de l’Iton. Les archers et seigneurs de Breteuil participèrent à la conquête de l’Angleterre en 1066 lors de la Bataille d’Hastings.  Le grand étang de Breteuil défendait autrefois le «vieux fort». Ce château médiéval n’existe aujourd’hui qu’à l’état de vestiges très réduits mais reste parfaitement discernable sur les plans du XVIIIe siècle, réparti sur deux îles artificielles mitoyennes. Un plan de 1792 montrait des vestiges plus importants : une large tour cylindrique assise au centre de la plate-forme castrale, en très légère surélévation et plus ou moins quadrangulaire (environ 50 sur 70 m, selon L. Régnier). La tour-maîtresse paraît avoir été entourée d’une enceinte partiellement conservée, dont deux tours rondes défendaient l’entrée vers la basse-cour. L. Régnier évoquait également, au début du XXe siècle, une possible chemise ou courtine, large de 2,50 mètres : une maçonnerie à parement en grison présentant un angle rentrant avait été retrouvé à un endroit pouvant faire la jonction avec le donjon.
La basse-cour trapézoïdale, séparée de la plate-forme par un large fossé, s’étendait à l’est, vers le bourg, sur 120 par 150 mètres de longueur. Selon le plan de 1792, elle était également close de murs de pierre et flanquée d’au moins trois tours cylindriques. L. Régnier notait la présence de nombreux vestiges enfouis sur son pourtour et supposait la présence de tours quadrangulaires, faisant remonter cet ensemble au XIIe siècle. Actuellement, la plateforme a totalement disparu. La basse-cour, transformée en jardin public, présente des levées de terre latérales, dans la partie sud de laquelle un massif de maçonnerie, ressemblant à une tour de flanquement est encore visible mais ne remonte pas au XIIe siècle. Un relevé micro-topographique des vestiges fossoyés et maçonnés a été effectué en 2007. Sur de nombreux points, ce «vieux fort» semblerait plutôt se rapporter aux XIIIe-XIVe siècles. 
 

* Un château à motte plus ancien ? 
Une autre structure, située dans la partie sud-ouest du bourg, paraissant avoir précédé le «vieux-fort», a pu être isolée, grâce à deux documents iconographiques présentant une butte artificielle ovalaire et tronconique entre le fossé intérieur et l’embouchure de l’Iton, à l’emplacement des anciens fourneaux. Le cadastre de 1825 mentionnait également son emprise au sol, sous la forme d’un mince filet plus ou moins circulaire. L’installation de fourneaux (1480) puis d’une usine à papier au XIXe siècle a pu bouleverser ces anciens aménagements, que Régnier identifiait simplement comme un ouvrage avancé défendant l’entrée du château. Cette butte était néanmoins très clairement comprise entre les fossés extérieurs de la ville, le Grand Étang et le départ du canal intérieur. D’autres plans cadastraux plus précis, semblent indiquer qu’elle fut associée à un fossé annulaire présentant une ligne incurvée vers l’intérieur du bourg. Le plan des Ponts et Chaussées en montre un prolongement par un tertre artificiel longiligne, entre les étangs et le bourg. Au nord de cette structure, la partie occidentale du bourg présentait un schéma particulier, oblong, en partie isolé du reste de l’habitat par un fossé arrondi, disparu aujourd’hui mais encore en eau sur les plans du XVIIIe siècle et de 1825, entre les rues «de la Moulerie» et «du Puisot», puis «du Loup». Sur le plan de 1839, il était déjà réduit de moitié. Régnier avait noté que cette structure était «séparé[e] du côté qui règne au nord par une levée de terre pleine située à l’angle nord-est de l’enceinte» mais il pensait qu’il pouvait s’agir d’une enceinte primitive de l’habitat, ce qui est fort peu probable, puisqu’elle excluait, de loin, l’église paroissiale. B. Lizot aurait par ailleurs relevé des traces de fortifications dans l’ancienne rue de la Moulerie, ainsi que les vestiges d’une tour au sud.

Le schéma général qui en ressort, évoque un dispositif de fortification indépendant du «Vieux fort», s’apparentant au type traditionnel d’un château à motte, figurée par la butte artificielle au sud avec une ancienne basse-cour entourée de son fossé, remaniée et tronquée par la suite car absorbée par le bourg. Ces lieux furent donc profondément modifiés. Cependant, les traces de fossés intérieurs et les élévations artificielles, figurées sur les plans du XVIIIe siècle, attestent indéniablement la présence d’une fortification. Celle-ci paraît être antérieure à l’enceinte du bourg, qui l’aurait en partie englobée. S’agirait-il du château primitif de Breteuil, construit vers 1054, par Guillaume le Bâtard, ou d’un château antérieur attribuable à Raoul d’Ivry, Hugues de Bayeux ou Guillaume Fils-Osbern?
 
Les sources écrites pourraient-elles apporter quelques indices supplémentaires? G. de Jumièges se contenta de le décrire comme une place forte «non moins bien» que Tillières. Le récit du siège de février 1119 fut l’occasion de livrer quelques indications sommaires. Les bourgeois, fidèles à Henri Ier, lui ouvrirent leur ville, ce qui permit d’encercler totalement le château – curieusement qualifié de municipium où Julienne s’était enfermée. Henri fit détruire le pont du château, si bien que pour fuir, Julienne n’eut d’autre recours que de traverser les fossés d’eau glacée. Il est donc clair que le bourg et le château étaient nettement séparés mais se touchaient. Le château, à accès unique, était totalement cerné de douves. Cette description, pourtant précieuse, peut cependant s’appliquer à la fois au «vieux fort» et à ce château plus ancien. Il ne semble pas qu’Henri Ier l’ait ensuite détruit mais seulement réinvesti, avant de le confier à Raoul II de Gaël. Celui-ci fit sans doute quelques aménagements. En effet lorsque quelques mois plus tard, le château fut de nouveau assiégé, le même narrateur précisa que Raoul tenait «les portes» du château. Il apparaît donc que le bourg devait apporter un soutien supplémentaire à la défense mais seulement si la population restait solidaire du château. Il était donc envisageable de tenir l’un sans l’autre, puisqu’il s’agissait de deux pôles indépendants. Ils étaient néanmoins complémentaires car la possession de l’un permettait de prendre – ou de conserver – l’autre. 

Lors du siège de Verneuil, en août 1173, Henri II fit étape au château de Breteuil, abandonné par Robert III de Leicester et l’aurait «réduit en cendres». Une autre version précisait que, le château étant déjà entre les mains du roi, celui-ci «sur un lieu en hauteur, constitua son armée rangée en bataille, avec des cavaliers et des fantassins», bien que le terrain, autour de Breteuil, fût naturellement plat. Henri II se serait-il placé sur l’éminence formée par l’ancienne motte? L’abandon du château par Robert de Leicester dispensait Henri II de livrer bataille. Il semble que cet auteur ait en fait commis plusieurs erreurs: tout d’abord, les châteaux du comte de Leicester ne furent remis au roi qu’en juillet de l’année suivante; ensuite, il semble avoir confondu le récit du passage à Breteuil avec l’arrivée à Verneuil, décrite plus loin par R. Hoveden. Cette remarque invite à rester prudent sur ces types de sources – notamment sur le récit de B. de Peterborough – qui bien que chronologiquement très proches des événements, ne furent pas toujours le reflet de leur réalité. Il est donc possible que le château fut effectivement incendié en 1173 puis restauré par Robert III, après recouvrement de ses biens (janvier 1177).


 Le bourg

La fondation du bourg apporta des modifications internes à Breteuil, avec une mise en forme plus précise de l’habitat et, sans doute, sa fortification. De nombreux documents iconographiques des XVIIIe et XIXe siècles montrent qu’il était entouré d’une enceinte oblongue, marquée par des fossés en eau. L’existence de ces fossés près de la porte de Conches fut précisée en 1656 car ils bornaient des maisons ou des «places vides». Les parties nord-est et occidentale de cette enceinte étaient arrondies et la partie sud, plus rectiligne. À cet endroit était encastrée, entre l’enceinte primitive du bourg et le «Bras-Forcé» de l’Iton, une friche ou espace rural, visible sur le plan de 1735-1737.

Ce bourg, aujourd’hui labellisé “Station Verte de Vacances” et “Village fleuri”, bordé par un vaste ensemble forestier et traversé par un bras de rivière, a connu un fort passé historique. 




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Le château actuellement








mercredi 2 avril 2025

Fiche historique, les châteaux-forts. Marle

 




Marle en 1648




Fiche N°XVI








۩   Le Château-fort de Marle, à Marle

Entre Vervins et Laon au Sud-Est de Guise cette petite ville du grand Laonnois située à 25 kms au nord-est du centre de Laon, porte de la Thiérache, est établie sur un haut plateau surplombant la vallée traversée par deux rivières : la Serre et le Vilpion. 
Au moyen-âge elle fut muni de son château-fort, il servait à défendre le passage de la Serre
  








Dénomination : Château-Fort 

Localisation :   02 250, Marle,
 
département de l'Aisne

Région : Hauts-de-France




♠  Le château de Marle, cité au XIIe siècle, fut construit par les premiers seigneurs du domaine sous Charles le Chauve. Cependant, il n'était à cette époque qu'un simple donjon entouré de palissades et de fossés. 
Par la suite, on y ajouta des murs d'enceinte ainsi que des tourelles, destinées à améliorer la défense. Ce dispositif fut renforcé par la suite de tours crénelées avec meurtrières qui défendaient aux quatre angles.. Le château-fort étant jugé insuffisant, il fut reconstruit en 1216 par Enguerrand III, seigneur de Coucy et de Marle. Celui-ci s'appuya sur le château de COUCY, réputé imprenable. 
Malgré tout le château est ruiné en 1338 par les Anglais. 

Jeanne d'Albret et son fils Henri IV y séjournèrent ; la famille de Bourbon-Vendôme, comtes de Marle, a pu commander alors l'important piédestal carré en pierre sculptée et armoriée à décor Renaissance « école française de la seconde moitié du XVIe siècle » provenant de son parc, qui a figuré dans une vente aux enchères publiques à Reims le 26/03/2023.


  Une première enceinte fortifiée donnait dans une cour ou Baille, entourée de constructions et aboutissant à une seconde cour qui renfermait le château proprement dit. Le château était très élevé, à un tel point que ses murailles sont plus hautes que les maisons les plus élevées des faubourgs. On trouvait également deux poternes dans l’épaisseur des murailles. Les chemins de ronde faisaient le tour des murailles. 

 La porte d’entrée (Place de la Motte) avec Pont-levis et herse était flanquée de deux tourelles. Trois pierres sculptées sont enchâssées au-dessus de celle-ci. Elles portent toutes trois des armoiries.

Pour franchir l'étage supérieur du château, il fallait emprunter un escalier en pierres. Cet escalier s'ouvrait sur une galerie qui régnait tout le long de la façade. La galerie aboutissait à une tourelle qui renfermait un escalier conduisant par un souterrain vers la poterne. Il paraîtrait même que Thomas de Marle s'était réfugié dans cette tourelle avec sa fille afin d'échapper à Louis le Gros, qui assiégeait son château de Crécy.

A l'époque de sa vente, à la fin du XIXe siècle, le château s'ouvrait sur la Motte par une porte cochère cintrée.
Puis il fut détruit. 
Le château Actuel est une propriété privée. 

lundi 31 mars 2025

Fiche historique, les châteaux-forts. Yèvre-le-Châtel










Fiche VII








۩   Le Château-fort de Yèvre-le-Châtel, à Yèvre-le-Châtel

Entre Melun et Orléans, à deux pas de Pithiviers, Yèvre-le Châtel se dessine sur un éperon au commencement du département du Loiret. Yèvre, a accueillie une forteresse, qui, surplombant la plaine, la vallée de la Rimarde, laissait voir sa puissance...Construit au XIIIe siècle sous le règne de Philippe Auguste, le château à la forme d’un losange flanqué de quatre tours saillantes.  
  







Dénomination : Château-Fort 

Localisation :   45 300, Yèvre-le-Châtel, 
département du Loiret


Région : Centre-Val-de-Loire




♠  Les remparts, le château aux quatre grosses tours saillantes et sa poterne qui donne accès à la basse-cour ont vus les premiers possesseurs de ce fief qui ne sont pas connus, peut-être, dès la période gallo romaine, exista-t-il en ce lieu un fort car on a trouvé dans les souterrains qui s' étendent sous l' édifice actuel, des armes antiques et des médailles des empereurs.
Selon les traditions généralement reçues, Yèvre-le-Châtel aurait été construit pour correspondre avec les tours de Pithiviers et de Montlhéry afin d' organiser un système de défense contre les excursions des seigneurs du Puyset sous les règnes de Henri I, Louis VI et Louis VII contre lesquels ces hauts barons étaient perpétuellement en révolte ouverte.
Le Château-fort de Yèvre-le-Châtel date du XIIIe siècle. Il s'agit d'un ensemble castral militaire, dont le donjon forme un quadrilatère flanqué d'une tour ronde à chaque angle et entouré d'un fossé sec. Le château a la forme d’un losange flanqué de quatre tours saillantes.
Un chemin de ronde permet de circuler sur les courtines et, du haut des tours, on embrasse un vaste panorama sur la Beauce, le Gâtinais et les lisières de la forêt d’Orléans. Dans la cour haute du château, des carrés médiévaux présentent plus de 150 plantes aromatiques et médicinales.
Le château d' Yèvre se compose d' une double enceinte entourée de larges fossés, la première renferme l' ancien oratoire devenu un prieuré à la collation de Saint Benoît, puis l' église paroissiale, sous le vocable de Saint-Gault. Dans cette partie se trouvaient des bâtiments de quelque importance, ce sont maintenant des habitations villageoises.
La seconde enceinte renferme le donjon, elle domine le surplus de la place. On y pénétrait après avoir monté quelques marches par une porte précédée d' un pont levis et munie d' une bonne herse. La forme de ce fort est un carré parfait avec des tours très élevées aux quatre angles et une cinquième tour au milieu de la façade Est. Celle-ci est séparée de la courtine par deux arceaux ogives, sa construction paraît évidemment postérieure à celle des autres tours qui nous ont semblé remonter, ainsi que les autres parties de la forteresse, au delà du XIIe siècle.
L'entrée dans la basse-cour est protégée par un châtelet d'entrée, cantonné de deux tours, muni d'une herse, et d'une porte a double vantaux. Il existait par ailleurs deux poternes avec herse et portes a vantaux au sud et a l'est de l'enceinte. L'entrée dans le château lui-même se fait en gravissant un escalier du XVIe qui mène a la cour haute du donjon. Lors de l'usage militaire, l'accès se faisait par deux vantaux de bois s'abattant sur une pile, au sud et à l'est de l'édifice, reliés au donjon par une échelle mobile.


Historique:

Foulques, vicomte de Gatinais, qui vivait en 1120, est le premier seigneur connu d' Yèvre le Chatel, Amaury de Montfort, gendre d' André de Bourgogne, en jouissait en 1214 un peu plus tard cette châtellenie fut réunie au domaine de la couronne et Louis le Hutin la donna à la reine Clémence, sa femme. Durant la possession de cette princesse la baronnie d' Yèvre qui relevait de l' évêché d' Orléans devait envoyer chaque année, le 1 mai, à l' église cathédrale, une gouttière de cire offrande que les barons successeurs de Clémence durent continuer.
Après le décès du baron Arnoul, le roi interviendra plusieurs fois pour soumettre ses successeurs et démanteler leurs châteaux qui ne devaient être que des fortins de bois, construits sur une « motte ». Le rattachement du château à la couronne de France se situe vraisemblablement vers 1112, lorsque Louis VI le Gros contraint le vicomte Foulques à lui céder Yèvre-le-Châtel dont il fit une puissante châtellenie.
Au printemps 1079, une armée venue de Bourgogne se joindre aux forces de Philippe Ier pour assiéger le Puiset fit étape à Yèvre. Les paysans du lieu avaient amassé tous leurs biens et leurs grains dans l'église, espérant qu'ils y seraient respectés. Cependant, avec l'autorisation du jeune évêque d'Auxerre qui était de l'expédition avec son père le comte de Nevers, les chevaliers y prélevèrent de force, l'orge nécessaire au ravitaillement de leurs chevaux. C'est la raison pour laquelle, selon Raoul Tortaire, Philippe Ier fut battu au Puiset, par la volonté de saint Benoît.
Dès le Xe siècle, Yèvre est une des possessions de l'abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire. On sait qu'à plusieurs reprises les moines de Fleury se plaignirent au roi, Hugues Capet, des exactions du baron Arnoul de Yèvre. C'est sans doute pour faire oublier les excès de son mari que son épouse, Lucinde, fonda dans l'enceinte du château une abbaye sous l'invocation de Saint-Gault, un des Saints de Bretagne dont les reliques avaient été apportées dans la région par des moines fuyant l'invasion des Normands. La chapelle de cette abbaye est aujourd'hui l'église paroissiale de Yèvre-le-Châtel.




Les places fortes entourant l'Ile-de-France

Châteaux, château-fort, donjons