۩ Le donjon de Neaufles-Saint-Martin, à Neaufles-Saint-MartinSitué dans le département de l'Eure, au Nord-Ouest d'Evreux, la commune est frontalière avec le département de l'Oise, elle est séparée par la vallée de l'Epte qui, au moyen-âge, faisait office de frontière entre le royaume de Normandie et le royaume de France. Le côté Nord de la commune, sur lequel se trouve la route de Rouen que couronne la forêt de Gisors, a des pentes douces alors qu'au Sud le terrain s' élève brusquement et forme un plateau sur le bord duquel est placé le château de Neaufles. le château-fort était avant la construction de Gisors fut la plus forte place du pays et la clef de cette partie de la Normandie.
Dénomination : Donjon
Localisation : 27830, Neaufles-Saint-Martin,
département de l'Eure.
Région : Haute-Normandie
Année de construction : XI e Siècle
L'architecture :
Le donjon de Neaufles a été démantelée en 1647 de la même manière que celle de Courcelles, Château sur Epte, Gallardon, Maurepas, etc... On l' a coupée en deux et on a renversé une des deux moitiés par la sape. M de Caumont en a donné un fort bon dessin dans son Architecture militaire qu' il nous permet de reproduire, et qui est dû au crayon de M Victor Petit. On y voit que l'étage supérieur était percé symétriquement de quatre œils, ou jours circulaires, dont deux subsistent encore. Leurs dimensions sont à peu près cela ; à l'intérieur de la tour l m60 au milieu du mur, sur O,40cm à O,50cm, et 0,80cm à l' extérieur. Trente trois claveaux forment le cercle intérieur, seize le cercle extérieur, ces derniers, longs de Om 40, portent un gros boudin saillant qui forme un cercle autour de ces singulières ouvertures et leurs donnent un peu d'élégance. Il fallait ramper pour mettre la tête par la fenêtre, un vrai entonnoir, il était impossible de lancer par là le moindre trait sur l'ennemi. D'autres ouvertures rectangulaires alternaient avec celles-ci, celle qui était située au Nord est une porte étroite; donnant dans un cabinet, pratiqué dans l'épaisseur du mur, sans doute des latrines, car un égout débouche à l'extérieur 1m au dessous. Un escalier en colimaçon montait de cet étage au comble.
* La motte du donjon
Elle est entourée d'un fossé de 6 à 8 m de profondeur, comme le terrain, a une pente assez prononcée, sa hauteur d'environ 12 m à l'Ouest est presque doublée à l' Est. La plate forme du donjon est ovale. A côté de la tour on remarque une dépression qui indique peut être un ancien puits, la tour est cylindrique, sa hauteur, autrefois séparée en quatre étages par des planchers, est d'environ 20m au dessus de la motte, ceci sans compter le niveau du souterrain profond de 6 m. Son diamètre est de 13m 60, dont 7m 80 pour le vide intérieur et 2 m90 pour les murs. On voit que ces dimensions sont plus fortes que celles de la tour du vieux donjon de Gisors, elles sont, de peu inférieures à celles du second donjon bâti par Philippe Auguste, elles l' emportent cependant par la plus forte épaisseur de ses murs, par la beauté de son appareil, et par les voûtes qui séparent ses étages.
* L'intérieur
Au premier étage se trouve une meurtrière, presque aussi incommode que les yeux de l'étage supérieur, large de 1m60, elle mesure 0,80m à l'extérieur, elle se réduit progressivement de manière à n'être, au centre du mur, qu'une fente large de 15 à 18 centimètres. Les meurtrières des temps postérieurs présentent souvent des ouvertures aussi étroites au nu du mur, mais qui s'évasent à l'intérieur et qui sont précédées d' une large arcade ; ici, la meurtrière, étranglée à près d'un mètre du parement, s'élargit lentement, et comme, en outre, elle présente un talus assez incliné, on voit qu'elle n'était destinée qu'à donner du jour et de l'air, et pas à faciliter la défense de la tour.
A droite on voit les traces d'une autre fenêtre qui paraît avoir été plus large, à gauche, au dessous de l'escalier en limaçon, l'ébrasement d'une autre ouverture, il s'agit de la porte de la tour qui s'ouvrait au premier étage, à une hauteur d'environ 6 mètres.
Au dessous, se trouve le Rez-de-Chaussée, qui n'a aucune ouverture dans la partie conservée de la tour, et, encore plus bas, il y a un souterrain à demi comblé. On y voit les restes d'une voûte qui forment, dans le mur, une niche ogivale très élevée. Cette arcade ogivale jure avec tout le reste de la tour qui est de style roman, il s'agit là d'une fausse ogive, car la partie inférieure de l'arc, jusqu'à deux entailles pratiquées à l'intrados, est tracée suivant un plein cintre. La partie supérieure est une pointe surélevée qui ne suit pas la courbe première. Cette niche pénètre de 2m dans la muraille qui n'a plus, en cet endroit, qu'une épaisseur de l m large pour plus de 5m au fond. Elle se rétrécit vers le centre de la tour, ses côtés suivent le rayon du cercle. Elle devait s'étendre plus loin, elle renferme un espace triangulaire, ou plutôt une demi circonférence voûtée en cul de four. Les arrachements de la voûte, qui sont irréguliers, permettent cette supposition.
Un canal de 33 centimètres carré, débouche perpendiculairement au sommet de cette voûte, au dessus se trouve le cabinet du second étage qui est peut-être des latrines, il se pourrait que cette cave, en partie creusée dans l' épaisseur de la muraille, fût une fosse d'aisance.
*
Le château de Neaufles Il se composait de trois parties ; le donjon situé au centre, au Nord-Est, au pied de la motte qui le supporte, l'on pouvait distinguer la basse cour d'au moins un hectare d'étendue, et, à l'Ouest, une enceinte plus restreinte et plus fortifiée avait été construite. * La basse cour
Elle n'a peut-être jamais été entourée que d'un fossé surmonté d'une banquette en terre et d'une palissade, ou toute trace de murs a disparu. Cette enceinte n'était pas flanquée de tours, la cour ouest, placée sur un terrain plus élevé côté du ravin, conserve les restes d'un mur qui la liait au donjon et peut être, l' entourait tout entière. Il ne reste qu'un double fossé, pour franchir le premier il faut descendre 4 mètres et en remonter 6, puis, immédiatement, descendre 6 mètres dans le second pour en remonter 10 jusqu'au sommet du rempart élevé de 2 à 3 mètres au dessus du sol.
Le second rempart dominait donc le premier et était commandé à son tour par le donjon. Cette partie, est séparée de la basse cour par deux fossés, entre lesquels une étroite levée de terre coupée par deux tranchées est dominée à droite par le rempart de la basse cour et à gauche par celui de la seconde enceinte. C'est sans doute le chemin qu' il fallait suivre pour entrer dans le château, en franchissant trois ou quatre pont.
Matériaux : Pierre
Historique :
C'était avant la construction de Gisors la plus forte place du pays et la clef de cette partie de la Normandie. Au milieu du XIe siècle le duc Guillaume le Bâtard (Guillaume-le-Conquérant) la confia à Guillaume Crespin en lui conférant le titre de vicomte héréditaire du Vexin normand. Il le chargea, dit le moine du Bec, auquel nous devons ces détails, de couvrir cette frontière contre les entreprises des Français et surtout de Gautier comte du Vexin qui prétendait que ses possessions devaient s'étendre jusqu à l' Andelle. Après la construction à Gisors d'une forteresse de premier ordre, Neaufles devint son satellite offrant un peu en arrière de l'Epte, un point d' appui important et empêchant l' investissement de cette place dont il suivit toujours la fortune donné ou pris en même temps qu' elle. Il y a quelques années, les ruines de Neaufles, couvertes de bois, étaient peu faciles à aborder et à explorer, mais aussi à exploiter ; aujourd'hui la famille de La Grange a vendu avec les bois qui ont été défrichés, les ruines dont elle se souciait peu. Les fossés se comblent, les pans de murs disparaissent, l' on ne trouve plus nulle trace de l' habitation où mourut Blanche d Évreux en 1398, enfin la tour qui se dresse fièrement au sommet de sa motte tombera sans doute à son tour, pour être vendue au mètre cube. La tour de Neaufles a été démantelée en 1647 de la même manière que celle de Courcelles, Château sur Epte, Gallardon, Maurepas, etc... L' âge de cette tour paraît difficile à déterminer, l'on peut hésiter entre le règne de Guillaume le Conquérant et celui de Henri II.
* Les bourgs castraux et frontière en Normandie au XI-XIIe Siècle.
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